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Chaque matin, Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.

C’est une manie française : toucher à l’impôt sur le revenu. Mais cette fois, si Emmanuel Macron veut le faire, est-ce pour corriger ce qu’avait fait François Hollande ?

François Hollande aura eu tout faux. Après les hausses d’impôt massives du début de son quinquennat, source d’un ras-le-bol fiscal qui n’a pas disparu, il avait voulu corriger le tir en sortant trois millions de ménages de l’impôt sur le revenu. Avec deux énormes effets pervers. Un, le ras-le-bol fiscal de ceux qui paient encore l’impôt sur le revenu s’est accru, car ils sont moins nombreux (à peine plus de quatre Français sur dix) et ils paient plus. Et deux, en sortant les bas revenus de l’impôt, il a alourdi la douloureuse dès le bas de l’échelle pour ceux qui le paient. Et c’est comme ça qu’à force de bidouillages, on arrive à cette situation ubuesque où un contribuable imposé à la première tranche de l’impôt sur le revenu peut se retrouver avec un taux marginal de 30%. Pour un euro gagné en plus, il en verse 30 centimes à l’État.

C’est ça que veut corriger la majorité ?

C’est cette brutalité de l’entrée dans l’impôt qu’elle veut corriger, oui. On voit bien l’intention : il y a des ménages appartenant aux classes moyennes qui sont pénalisés à cause des bizarreries du système. C’est bien de vouloir corriger cela. À deux conditions. D’abord, ne pas ajouter de la complexité, ce serait un comble. Ensuite, ne pas financer cela en alourdissant les impôts des autres, c’est-à-dire des tranches juste au-dessus. Par exemple en rognant sur les niches fiscales. On sait bien que c’est la tentation. Les seules vraies baisses d’impôts, on le sait bien, ce sont celles qui sont financées par des économies.