Chaque matin, Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.
Les Français ne sont pas tous au régime mais c’est un fait, ils réduisent leur consommation alimentaire.
Oui les comportements changent et c’est assez spectaculaire : jamais depuis dix ans, les français n’ont autant réduit leurs achats de produits alimentaires. Ils ont chuté de 1,2% alors qu’ils étaient toujours en hausse, année après année, depuis 2008. Alor que se passe-t-il ? Une telle chute des achats alimentaires, normalement, on ne le voit que dans des pays en crise très grave. Les Vénézuéliens, dont le pays est en faillite, ont perdu 11 kilos, dit-on, à cause des restrictions alimentaires ! En France, les raisons de cette "déconsommation" alimentaire sont toutes autres. Ce sont en fait les quantités consommées qui chutent. Au profit de la qualité. On achète moins mais on mange mieux.
Du bio, du local, moins de produits tout faits, c’est ça ?
Il y a deux phénomènes qui se conjuguent. D’abord on fait plus attention à sa santé. Les campagnes pour manger moins gras, moins sucré ont un réel impact sur les comportements. On limite sa consommation de viande rouge, on fait plus attention à consommer davantage de fruits et légumes. On se soucie aussi davantage qu’avant du gaspillage. L’autre phénomène, c’est la confiance. La grande industrie agro-alimentaire a un problème de confiance. Le patron de Système U remarquait récemment que 82% des Français font confiance aux produits de PME, aux filières « made in France », à ce qui est produit localement. Tandis que la confiance dans les grandes marques internationales tombe à 37%. Or souvent, il faut bien le dire, le bio, le local, l’authentique sont plus chers.
Cette tendance, c’est un sacré défi pour l’industrie agro-alimentaire ?
Elle s’en inquiète et ne reste pas les bras croisés. L’enjeu est énorme. Cette filière représente 430.000 emplois directs en France et près de 2 millions et demie d’emplois indirects. C’est une industrie qui est créatrice d’emplois, qui manque même de bras : 21.000 emplois non pourvus actuellement. Et c’est une industrie qui exporte. Mais bien sûr, les changements de comportement des consommateurs sont un défi. Il va falloir produire plus de bio, industrialiser les filières bio en quelque sorte. La bonne nouvelle, c’est que les Français sont prêts à dépenser plus pour des produits de meilleure qualité : le panier de la ménagère devient plus "premium". Mais bien sûr, toute le secteur de l’alimentation doit prendre ce virage car les comportements changent vite.
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