Chaque matin, Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.
Le dernier bulletin de santé de l’économie européenne a été délivré par le commissaire européen à l’Économie Pierre Moscovici, il y a quelques signaux d’alerte.
Il y a deux signaux d’alerte. Le premier est que l’activité ralentit puisque la Commission ne prévoit plus qu’un petit 1,2% de croissance cette année pour l’Europe. Pour mémoire, c’est presque trois fois moins que l’économie américaine où la croissance a atteint 3,2% au premier trimestre. On est vraiment sur une autre planète. Alors pourquoi ce ralentissement en Europe? Pour une fois ce n’est pas à cause de nous, les prévisions pour la France sont inchangées: 1,3% de croissance attendu cette année et 1,5% l’an prochain. Non, le ralentissement n’a qu’une cause: l’Allemagne. Le plus gros moteur de l’économie européenne se grippe à cause de son industrie et en particulier de l’industrie automobile allemande. Elle souffre parce que son plus gros marché étranger, la Chine, ralentit. Total, la croissance allemande prévue pour cette année a été divisée par deux en l’espace de quelques mois: on est passé de plus de 1% à 0,5%. Comme quoi les prévisions économiques ne sont jamais un exercice facile.
Et l’autre signal d’alerte ?
Il est plus inquiétant encore: c’est la situation de l’Italie, troisième économie de la zone euro. La coalition populiste avait promis de relancer la croissance. Elle est au pouvoir depuis plus d’un an. Et c’est le contraire. Les amis de Monsieur Salvini ont plongé le pays en quasi-récession: 0,1% de croissance prévu cette année. Les milieux économiques s’alarment. La confiance s’est évanouie. Le déficit public dérape: il atteindra 3,5% du PIB l’an prochain, bien en-dehors des clous. Ce qui veut dire que l’Italie risque de subir des sanctions. La dette publique explose: 134% du PIB. Bref, rien ne va plus et les Européens s’en inquiètent parce que le système financier italien est fragilisé. Il ne faudrait pas que l’Europe entière plonge à cause de la situation italienne. Or le risque existe.
Tout ça ne fait pas un bilan très positif pour le Commissaire européen à l’Economie Pierre Moscovici ?
Il termine son mandat avec des risques qui s’accumulent et une prescription qui n’a jamais marché. Les risques qui s’accumulent, en plus de ceux que je viens de citer, c’est le Brexit sans accord (malheureusement toujours possible) et les tensions commerciales Chine/Etats-Unis. Et la prescription qui n’a jamais marché et que pourtant il répète depuis qu’il est en poste, c’est: les pays qui ont des excédents (sous-entendu l’Allemagne) doivent soutenir l’économie européenne et investir davantage. On peut lui reconnaître ceci à Pierre Moscovici: pendant tout son mandat, il aura martelé ce message. Sans se décourager. Mais sans aucun succès !
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