Chaque matin, Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.
L’Italie est-elle en train de devenir la meilleure alliée de la Chine en Europe ? Elle s’apprête à ouvrir grand ses portes aux investisseurs chinois, et donc à leur donner accès au marché européen.
L’Italie s’apprête à rejoindre le fameux grand programme de route de la soie chinois. Le président chinois Xi Jinping se rendra à Rome le 22 mars, un accord pourrait être signé à ce moment-là. Le programme de route de la soie c’est un projet planétaire de routes maritimes et terrestres financé par Pékin et qui doit permettre à la Chine de dessiner la carte de son influence mondiale. Pékin a déjà enrôlé 80 pays en Asie, au Proche Orient et en Afrique dans ce projet en construisant des infrastructures dans ces pays, sur fonds chinois et en faisant exclusivement travailler des entreprises chinoises. Les Américains, qui s’en inquiètent, parlent de diplomatie des infrastructures. C’est une sorte de plan Marshall à l’échelle du monde, à l’échelle des ambitions du régime chinois.
Il manquait donc un pays européen dans le paysage ?
Il y en a déjà, mais ce sont des pays de l’Est de l’Europe. Avec l’Italie, la Chine décrocherait pour la première fois un pays du G7 et un membre fondateur de l’Union européenne. Washington et Bruxelles s’en inquiètent car le but évident des Chinois, c’est l’accès au marché européen. L’Italie est un cheval de Troie formidable. Remarquons d’ailleurs que ce pays dirigé par une coalition populiste qui s’est faite élire en promettant de protéger les frontières ferait exactement contraire. La star du gouvernement italien, Matteo Salvini (l’allié de Marine Le Pen), n’est pas à une contradiction près. Les mêmes qui accusent Bruxelles de ne pas assez défendre les intérêts européens font les yeux doux à la Chine.
Bruxelles s’en inquiète ?
À juste titre car ce n’est pas la première alerte. L’Italie de Salvini est le seul pays européen à ne pas avoir approuvé le projet européen, poussé par la France et l’Allemagne, de contrôle des investissements étrangers en Europe. Contrôle qui vise notamment les prises de contrôle de pépites européennes par des capitaux chinois. La Chine a déjà acheté le port du Pirée en Grèce, elle a acheté une banque au Luxembourg ce qui lui donne accès à tout le marché bancaire européen et pris le contrôle de l’EDF portugais. Mais avec l’Italie, elle pousse ses pions beaucoup plus loin, avec la complicité d’un gouvernement populiste qui se moque des intérêts des Européens.
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