2:16
  • Copié

Chaque matin, Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.

Il y a un an, Donald Trump déclenchait la guerre commerciale avec l’Europe et la Chine à coups de taxes douanières. L’objectif était de protéger les emplois américains. Est-ce que ça marche ?

Un an après, le bilan n’est pas nul du tout. Donald Trump a d’abord remporté un vrai succès vis à vis de ses voisins, Canada et Mexique. Il les a forcés à renégocier le traité de libre-échange avec les États-Unis. Et quand le plus fort oblige les plus faibles à négocier, le résultat est prévisible. Le nouveau traité est nettement plus favorable aux États-Unis, il défend mieux l’emploi américain et s’attaque au dumping social mexicain. Bref, c’est un succès pour Trump.

Mais ce succès, il n’a pas réussi à le répliquer avec l’Europe et la Chine ?

Non, parce que ce sont deux blocs qui pèsent beaucoup plus lourd. Le bras de fer est donc beaucoup moins facile. Mais Trump, là encore, a remporté quelques succès quand même, en particulier vis à vis de la Chine. Il a posé, à juste titre d’ailleurs, le sujet du pillage technologique. Il a obtenu des ouvertures du marché des services financiers, très important pour Wall Street. Dans l’automobile, il a obtenu que les constructeurs américains ne soient plus obligés, à terme, d’avoir des partenaires chinois qui mettent la main sur la technologie. Avec l’Europe, la position américaine est plus faible. Nous sommes beaucoup plus ouverts que la Chine, Trump ne peut pas nous reprocher grand chose. Mais les tensions sont vives, Trump menace de surtaxer les voitures allemandes et l’Europe met en place une taxe sur les Gafa. La tension n’est pas près de retomber.

Donc bilan quand même plutôt positif pour Trump que l’on avait accusé de torpiller le commerce mondial ?

Les échanges commerciaux mondiaux ont souffert de ces sanctions, la croissance du commerce est plus faible. Le point noir du bilan de Trump c’est que sa politique n’a eu aucun effet sur la balance commerciale américaine. Elle est toujours aussi déficitaire, même un peu plus. Et sur l’emploi qu’il voulait défendre ? Aucun impact non plus, l’emploi recule toujours dans la sidérurgie, le secteur qu’il voulait protéger à tout prix. Mais par ailleurs, l’économie américaine se porte tellement bien avec plus de 3% de croissance et seulement 4% de chômage que, finalement, peu importe pour Trump que sa politique protectionniste soit un succès. Elle plaît et d’ailleurs son adversaire favori, le démocrate très à gauche Bernie Sanders, est encore plus protectionniste que lui et se fiche autant que Trump de savoir si c’est efficace ou non.