Chaque matin, Daniel Fortin fait le point sur une question d'actualité économique.
Allonger la durée de cotisation à la retraite pour financer les baisses d’impôt, c’était l’une des annonces d’Emmanuel Macron lors de sa conférence de presse de jeudi dernier et vous en savez un peu plus sur la façon dont le gouvernement va s’y prendre Daniel.
Oui deux scénarios sont à l’étude, le premier c’est d’allonger de 41 ans et demi à 43 ans la durée de cotisation nécessaire pour obtenir une retraite à taux plein, alors c’était déjà une réforme sur les rails. Elle devait entrer en vigueur en 2035, mais là elle serait effective dès 2025, dix ans plus tôt donc. Cela signifierait que la durée de cotisation serait rallongée d'un trimestre par an, au lieu d’un trimestre tous les trois ans dans le projet initial. Et puis il y a un autre scénario qui consisterait non plus à obliger mais à inciter fortement les Français à partir plus tard.
Et comment s’y prendrait -t-on ?
Alors là c’est plus complexe. Vous savez qu’Emmanuel Macron l’a encore promis la semaine dernière, on ne touchera pas à l’âge légal de départ à la retraite qui est de 62 ans. En réalité, tout est fait pour que les Français ne puissent plus partir à cet âge, mais bien plus tard, d’où le deuxième scénario qui consisterait à créer un âge pivot à 64 ans. Si on attend cet âge pour partir alors qu’on a obtenu ses points bien plus tôt, on se verrait appliquer une surcote, c’est-à-dire un supplément de pension qui, selon les travaux actuels du gouvernement pourrait représenter 4 %. Je précise que pour l’instant il ne s’agit que de pistes de travail, mais aussi et surtout qu’il n’est pas du tout exclu que ces deux mesures soient prises de front.
Mais est-ce qu’on ne va pas attiser encore davantage les mécontentements des Français ?
Alors c’est un risque bien sûr, le sujet on l’a vu est explosif. Mais c’est un risque qu’assume l’Elysée, d’abord parce que le gisement d’économie est énorme : la France dépense plus de 315 milliards d’euros par an pour les retraites. Le moindre allongement de la durée de cotisation permet donc d’économiser très vite économiser des milliards pour l’Etat. Et puis l’exécutif parie – peut-être à tort – sur la sagesse des Français car s’il y a bien sûr des petites pensions et des retraités qui n’arrivent pas à joindre les deux bouts, ça n’est pas la majorité, loin de là.
On ne le dit pas souvent, mais en France un retraité de 65 ans gagne en moyenne plus que le revenu moyen des Français, c’est un cas quasiment unique dans les pays de l’OCDE. Nous sommes donc un pays particulièrement généreux avec les retraités et c’est ce qui explique qu’il existe des marges pour faire des économies.