Chaque matin, Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.
Un sommet Europe-Chine se tient aujourd’hui à Bruxelles. Le Premier ministre chinois a fait le déplacement et l’ambiance est au bras de fer.
Pour situer le contexte, il faut commencer par deux chiffres qui disent tout. L’Union européenne importe 400 milliards d’euros de marchandises "made in China" et nous en exportons 200 milliards vers la Chine. 400 dans un sens, 200 dans l’autre, ce sont les chiffres du déséquilibre. Mais pas seulement. Ce sont des chiffres qui, vus d’Europe, montrent aussi que le match est inéquitable. D’un côté, l’Europe est le marché le plus ouvert du monde, bien plus encore que les Etats-Unis. De l’autre, la Chine joue selon ses propres règles pour favoriser ses entreprises : subventions plus ou moins déguisées, transferts de technologies forcés, entraves multiples qui compliquent énormément la vie des entreprises étrangères en Chine etc.
Ce sont tous ces reproches que l’Europe va décliner devant le Premier ministre chinois ?
Oui, on change de logiciel. L’Europe a compris qu’avec la Chine, comme avec les États-Unis de Trump d’ailleurs, seul le rapport de force compte. Même l’Allemagne toute seule ou a fortiori la France ne font pas le poids. C’était déjà le message adressé au président Xi Jinping lors de sa visite à Paris, où Emmanuel Macron avait fait venir Angela Merkel et Jean-Claude Juncker. Il s’agissait de dire : en matière économique, nous sommes unis face à vous. Le changement de ton est très net. La Commission décrit la Chine à la fois comme un "partenaire" (cela va de soi), un "concurrent" (c’est vrai aussi) mais également un "rival systémique" (vous noterez la montée en gamme).
Bref, on durcit le ton ?
Et c’est vraiment le bon moment pour le faire. Les Chinois ont déjà l’imprévisible Trump sur le dos. Leur croissance ralentit. Ils ne veulent pas ouvrir un nouveau front avec l’Europe. Or jusqu’ici, ils ne croyaient pas une seconde que nous serions capables de rester unis face à eux. Ils étaient persuadés qu’ils pourraient nous diviser. Un peu comme les Britanniques avec le Brexit. D’ailleurs, Pékin a toujours pour ambition de nous diviser : d’où l’accord il y a quelques jours avec l’Italie pour embarquer Rome dans le projet de route de la soie. L’enjeu du sommet de Bruxelles, c’est au contraire de montrer que nous n’avons pas peur du bras de fer, que nous défendons pied à pied nos intérêts. Que l’Europe n’est pas une puissance molle. Aujourd’hui, ce sommet sera un bon test.
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