François Clemenceau revient chaque matin sur un évènement international au micro d'Europe 1 Bonjour.
Trump félicite Poutine, ils vont se voir : une bonne nouvelle ?
Le président américain a congratulé son homologue russe hier pour sa victoire dans les urnes et les deux hommes ont convenu de se rencontrer bientôt. Est-ce pour parler des sujets qui fâchent ?
Autant le rappeler tout de suite, et bien que cela puisse paraitre paradoxal : les relations entre la Russie et les États-Unis est exécrable. Donald Trump a beau avoir témoigné de son admiration pour Vladimir Poutine pendant la campagne de 2016, puis minimisé les accusations portées par ses propres services de renseignement contre la Russie au sujet de son interférence dans l’élection présidentielle américaine, la relation bilatérale est objectivement glaciale. Donald Trump et Vladimir Poutine ne se sont vus que deux fois depuis son élection mais à chaque fois en marge d’un sommet international, au G20 à Hambourg l’été dernier et à Danang au Vietnam l’automne dernier. Sur pratiquement tous les grands sujets, les diplomaties des deux pays sont frontalement opposées : que ce soit en Syrie, vis-à-vis du soutien au régime de Bachar el-Assad, sur l’Iran dans la mesure où Moscou, comme les Européens, ne veut pas qu’on retouche une ligne de l’accord sur le nucléaire ou sur l’Ukraine depuis que le Pentagone a décidé d’armer davantage l’armée ukrainienne pour défendre sa souveraineté dans le Donbass. Tout cela sans compter ce que Poutine appelle "la nouvelle course aux armements".
Donald Trump affirme justement qu’il souhaite en parler avec Vladimir Poutine.
Les deux dirigeants sont en effet emportés dans une spirale de malentendus. Trump a signé une nouvelle doctrine militaire qui prévoit de moderniser l’arsenal nucléaire sans diminuer le nombre d’ogives et de missiles comme s’y était engagé Barack Obama. En fait, comme il le dit lui-même, il s’agit de conserver une armée qui soit la plus forte du monde. Poutine, lui, considère que cette stratégie est dirigée contre lui alors que la Russie n’est pas considérée comme la seule menace. Poutine prétend qu’il est prêt à baisser ses dépenses militaires tandis que Trump vient de faire voter pour 2018, 700 milliards de dollars de budget pour la défense contre 46 milliards pour la Russie. On n’est clairement pas dans la même cour. Bref, il est temps de se parler.
La relation est au plus bas entre les deux pays et pourtant, Donald Trump ne semble pas si agressif que cela vis-à-vis de Poutine.
Oui, dans leur entretien téléphonique hier, le président américain n’aurait même pas évoqué l’affaire Skripal, l’ex-espion russe empoisonné au Royaume Uni. On peut imaginer la déception de Theresa May, alors que la Grande-Bretagne et les États-Unis se sont souvent vantés d’avoir une relation "spéciale". C’est tout le problème que les Européens ont avec Trump. Tant qu’il considérera l’Union européenne comme un adversaire, on le voit avec la guerre commerciale sur l’acier, et la Russie comme un partenaire "normal", la relation transatlantique en souffrira.