Il aura fallu 48 heures, et un lanceur d’alerte, en l’occurrence le Président de la République, pour qu’Emmanuel Macron réveille sa campagne.
La politique Antonin André c’est l’appel du président François Hollande sur le risque Front National. Emmanuel Macron lui a répondu "il est fier d’être devant Marine Le Pen mais rien n’est gagné"
48 heures. Il aura fallu 48 heures, et un lanceur d’alerte, en l’occurrence le Président de la République pour qu’Emmanuel Macron réveille sa campagne. Lui qui le revendique le droit de savourer sa victoire du 1er tour. Et c’est vrai il a gagné. Sur le papier, il a gagné, la victoire est quasi assurée. Mais l’enjeu n’est pas tant la victoire que de casser une dynamique FN qui tourne à plein régime: 6.4 millions de voix en 2012, 6. 8 millions aux régionales en 2015, 7.6 millions dimanche dernier. Combien le 7 mai ? Si Emmanuel Macron est élu avec un mince écart de voix, certes il aura gagné, mais contre une Marine le Pen et un FN en pleine dynamique. Ce sera une victoire à la Pyrhus dans un pays fracturé, le rassemblement du pays sera compromis, la majorité incertaine, la France ingouvernable.
La réponse d’Emmanuel Macron est venue avec 48 heures de retard donc, sa réponse c’est en quelque sorte : je vais me battre contre Marine le Pen, mais à ma façon, à ma manière
"Je suis le maître des horloges" c’est la réponse d’Emmanuel Macron. C’est la posture d’autorité par excellence. Ne pas céder à l’hystérie, au temps médiatique. Le maître des horloges, Emmanuel Macron l’a déjà utilisé cette formule pour répondre à ceux qui le pressaient de dévoiler son programme à l’automne, à ceux qui le pressaient de déclarer sa candidature, à ceux qui le pressaient de démissionner du gouvernement. Il renoue avec la formule de François Mitterrand "donner du temps au temps", ne pas céder à la pression de l’évènement, des médias.
Nicolas Sarkozy et François Hollande n’ont pas résisté au rythme imposé par les chaînes d’infos, par l’actualité immédiate qui amène un chef d’Etat à dialoguer avec Léonarda, Emmanuel Macron lui veut imposer son temps, sa stratégie. C’est son choix, critiqué et critiquable. Un second tour de présidentielle c’est un face à face tendu, bref 15 jours pas d’avantage, duel violent. Or Emmanuel Macron a donné le sentiment pendant 48 heures de jouer l’évitement. Il doit maintenant mettre les gants et monter sur le ring.