Anicet Mbida nous livre chaque matin ce qui se fait de mieux en matière d'innovation. Ce jeudi, il s'intéresse à la création des premiers cyborgs, des robots composés d’organes à la fois mécaniques et biologiques.
L’innovation du jour a de quoi inquiéter. Vous nous annoncez l’arrivée des premiers cyborgs : des robots composés d’organes à la fois mécaniques et biologiques.
Comme dans Terminator : « un exosquelette en métal recouvert de peau humaine. Un cyborg capable de se fondre dans la population… » Je vous rassure, on n’en est pas encore là. On en est même très loin. Les cyborgs dont je vous parle sont totalement inoffensifs. Ce sont simplement des drones télécommandés auxquels on a greffé des organes d’insectes. Encore une fois, rien de bien méchant : on leur a greffé des antennes de sauterelles ou de papillons de nuit.
Pour quoi faire ? Pour leur donner un super odorat qui serait impossible à reproduire avec des capteurs. Il se trouve que l’on est capable de fabriquer des microphones ultrasensibles. Des caméras qui voient mieux que n’importe quel être humain, que n’importe quel animal. Mais on n’a jamais réussi à créer un nez artificiel ne serait-ce qu’aussi performant que celui d’un homme. Or, vous le savez, notre odorat n’est pas très développé. Les labradors, les rats et certains insectes font beaucoup mieux. Notamment les sauterelles et les papillons de nuit.
À quoi ils vont servir ces robots avec un super odorat ?
À énormément de choses. On pense évidemment à la détection d’explosifs. On pourrait les glisser dans les portiques des aéroports ou les faire voler au-dessus d’un champ et repérer immédiatement les mines. Il se trouve aussi que beaucoup de maladies et de bactéries ont, ce que l’on appelle, une « signature olfactive ». Cela veut dire qu’on pourrait détecter un cancer, le Covid ou je ne sais quelle infection à distance, sans avoir à faire de prélèvement. Une ONG a, par exemple, entraîné des rats à détecter la tuberculose ou le choléra. On pourrait faire la même chose, sans apprentissage, avec des robots à l’odorat de sauterelles.
Il n’y a pas un risque qu’on utilise la même technique pour greffer un dard de scorpion ou du venin de serpent ?
Non, car on bascule sur des organes complexes qui ne fonctionnent pas seuls. Pour les greffer, il faudrait simuler une grande partie du système vital de l’animal (ce qui est impossible). Alors que les antennes des insectes sont assez simples. Elles fonctionnent un peu comme nos poils.
En tout cas, les chercheurs se sont engagés à ne jamais militariser leurs travaux. Mais, je ne sais pas pourquoi, je trouve cela plus inquiétant que rassurant.