La transition politique au Mali demande un peu de temps. Pour se faire dans la sérénité, la France doit rester sur place.
Aurélie Filippetti, ministre de la Culture et de la Communication, en direct de Roissy.
Ses principales déclarations :
Vous êtes sans doute ce matin submergée par une immense émotion...
"Vous savez, la mort de ces deux journalistes, deux très grands professionnels, a porté un coup très dur à tous les Français. Ils savent que ces deux personnes sont mortes pour la liberté d'information, pour nous donner des informations sur ce qui se passe aujourd'hui au Mali."
C'est une scène qui marque pour longtemps...
"Oui, bien sûr : la France a été atteinte à travers eux, ils sont morts en héros de la liberté de la presse et de la démocratie. La liberté de la presse est une pierre angulaire de toute société démocratique, c'est au nom de ces valeurs, de ce combat, qu'ils sont tombés, malheureusement. Nulle polémique n'est acceptable aujourd'hui en ces instants."
Dites-vous ce matin qu'il faut continuer malgré les menaces, imposer l'esprit de courage de ces deux journalistes, il faut repartir ?
"Absolument, il faut que l'information continue. La liberté de la presse ne doit pas céder face aux terroristes, aux assassins. Ils étaient tous les deux de grands professionnels, passionnés par leur métier, par l'Afrique. Ghislaine Dupont était l'une des meilleures spécialistes de l'Afrique. Claude Verlon était un immense professionnel, un technicien aguerri de tous les théâtres d'opérations. Ils n'ont jamais pris de risques inconsidérés, ils faisaient leur travail, ils le faisaient pour nous tous. Ce travail-là doit continuer."
Bruno Le Roux : « Il faut aller plus loin dans l’enquête sur Ecomouv »
Europe 1 recevait également Bruno Le Roux, chef de file des députés socialistes.
Ses principales déclarations :
Les récits et les images de Roissy nous étreignent tous...
"Bien entendu. Je regardais les images à l'instant : il y a dans ces cercueils deux journalistes, de très grands professionnels dans une grande rédaction, touchée quatre fois par des morts violentes ces dix dernières années. Il faut leur rendre hommage, pour leur rigueur, leur professionnalisme, et défendre la liberté d'informer partout dans le monde."
On ne finira jamais de dénoncer ce crime abject...
"Ce sont des assassins. La France et les autorités maliennes sont à leur recherche, ils devront être punis. Laurent Fabius a dit qu'ils devaient être châtiés : ce doit être le cas. Ceux qui sont dans le Nord et doivent être combattus sans relâche sont ceux qui étaient prêts à attaquer Bamako il y a plusieurs mois, ceux dont nous avons empêché qu'ils s'emparent du Mali. Il y a une action résolue à continuer à mettre en œuvre."
Si les auteurs et leurs complices sont arrêtés, la France doit-elle les juger et les condamner ?
"Ils ont tué des Français au Mali. Je fais confiance à l'Etat malien pour prendre ses responsabilités, mais nous devons le faire en toute coopération. Je souhaite qu'ils soient retrouvés et arrêtés le plus vite possible."
La France renforce sa présence dans le nord du Mali, n'est-elle pas entrée dans un dangereux enlisement ?
"Non ! On voit bien que dans le nord du Mali, il y a un pays aussi grand que la France, avec des groupes mobiles qu'il faut aller chercher, avec les services de renseignements. Mais ne rien faire, ce serait les laisser se réorganiser. Il y a une transition politique qui se met en place, qui forcément demande un peu de temps, il doit y avoir une transition militaire que la France doit opérer. Mais la France doit rester... C'est notre sécurité que nous défendons par notre présence dans le Nord du Mali."
Faut-il accepter les violences et la casse en Bretagne ? Les auteurs de violences quels qu'ils soient doivent-ils être sanctionnés ?
"Bien entendu ! Il ne peut pas y avoir de violence aujourd'hui, surtout quand le dialogue est organisé, quand l'espoir doit être rendu ! Il y a des mesures de bon sens, quand il y a une taxe - et on pourrait en parler car elle soulève beaucoup de questions et beaucoup de problèmes dans ses modalités de calcul et de choix - quand il y a une suspension de cette taxe, c'est bien pour reprendre le chemin du dialogue et traiter les difficultés immédiates, celles de l'agroalimentaire !"
Pourquoi le dialogue n'a pas eu lieu avant ; ne faut-il pas revoir la méthode de fonctionnement du gouvernement ?
"La taxe a été votée en décembre 2008, le décret d'application pour les transporteurs est paru le 6 mai 2012, jour du second tour ! C'est bien les mauvais coups faits par la majorité précédente ! Depuis, il y a du dialogue, une mise en place différée !"
Vous êtes optimiste...
"Non ! J'essaie de traduire la situation qui n'est pas celle de l'enlisement, qui doit être celle du dialogue !"
Stéphane Le Foll doit-il se rendre en Bretagne vendredi, même si la casse continue ?
"En tout cas, il faut le dialogue !"
Vous ne répondez pas : si la casse continue...
"Oui ! Je pense qu'il y a aujourd'hui une grande majorité des bretons, d'acteurs sociaux, qui veulent débattre, se réunir. Je prendrai dans les prochains jours l'initiative de réunir à l'Assemblée Nationale les 22 parlementaires bretons et socialistes du groupe, avec Anne Lauvergeon qui a rendu au Président un rapport sur les filières d'innovation et notamment l'agroalimentaire de demain. Je veux que nous nous emparions de cet espoir et l'animions."
Pourquoi aucun d'entre vous n'a remarqué plus tôt et éventuellement dénoncé les modalités du contrat Ecomouv ?
"Un travail d'enquête est fait depuis plusieurs mois sur cette société. Je crois qu'il y a aujourd'hui nécessité à aller plus loin dans l'enquête. François Rebsamen veut faire une commission d'enquête, il faut la déclencher rapidement. L'Etat a été mis dans une situation difficile à cause de nos prédécesseurs ! Il semblerait qu'il y ait eu un certain nombre de liens entre la société qui a conseillé, qui a préparé le marché, celle qui l'a obtenu, des appels d'offre sur lesquels les uns se sont mis en avant, ensuite se sont retirés..."
Qui est concerné ?
"Je ne sais pas ! Et quand je vois la façon dont aujourd'hui, dans le précédent gouvernement, on essaie de s'extraire de cette affaire, en prenant des précautions… Quand je vois les circonvolutions des uns et des autres, je me dis qu'il y a nécessité à enquêter encore plus, encore mieux..."
Pour le gouvernement, remaniement ou dissolution sont-ils les solutions ?
"Nous ne sommes ni en mai 1958 ni en mai 1968. Ceux qui veulent faire croire à un pays où rien ne fonctionnerait ne voient pas la réalité en face. Le Président a une politique, il veut redresser le pays et entamer les grandes réformes. Si je vous faisais la liste de tout ce qui a été fait depuis un an et demi, vous verriez que nous bougeons à chaque moment, toutes les semaines, tous les mois, qu'il faut du sang froid dans cette situation pour tenir bon. Peut-être que la majorité devrait jouer tout son rôle pour permettre au Président de poser encore mieux son discours, en faisant un travail plus cohérent sur le terrain."
Le Président va réorganiser l'Elysée ? Vous le souhaitez ?
"Il pourrait le faire, je ne vais pas jusqu'à lui demander de le faire..."