Le leader de la CGT sera présent à Matignon pour négocier le "pacte de responsabilité" et réclame une véritable politique industrielle.
Ce matin à 8h20, Europe 1 recevait Thierry Lepaon, secrétaire général de la CGT.
Voici ses principales déclarations :
Emploi. "Je choisis l'action pour qu'on puisse avoir enfin une remise à plat de l'ensemble des aides données aux entreprises, pour qu'elles puissent être efficaces au service des Françaises et des Français, de l'emploi et des salaires beaucoup trop bas dans notre pays. C'est maintenant qu'il faut une remise à plat complète : nous sommes arrivés à 230 milliards d'euros d'aide et d'exonérations pour les entreprises de ce pays sans qu'on puisse en mesurer concrètement l'efficacité. Ça fait beaucoup. Le problème, c'est que dans notre pays on parle toujours des annonces : les 20 milliards dans le cadre du CICE, on parle à nouveau de 30 milliards mais on ne cause jamais de la somme globale, nous pensons que ce chantier, il faut le mener. Ce que nous souhaitons, et nous pensons l'avoir obtenu, c'est une évaluation de l'ensemble des aides à nos entreprises pour qu'on puisse mesurer l'efficacité en terme d'emplois, de salaires et de politique industrielle (...) Quand on parle d'emploi industriel, et nous sommes à peu près les seuls à parler de ces questions dans le pays, on voit qu'il recule ! Le problème auquel nous sommes confrontés : il y a aujourd'hui des secteurs d'activité qui doivent être aidés et d'autres qui ne méritent pas d'aides. Concentrons nos aides sur ceux qui méritent d'être aidés et notamment les secteurs industriels !"
Son rapport à François Hollande. "Je lui dis, oui. J'ai des rapports francs, loyaux avec le Président comme avec le Premier ministre et l'ensemble des ministres (...) Ce n'est pas une question de confiance, c'est une question de politique ! Je lui ferai confiance le jour où il dira qu'on va remettre à plat l'ensemble du dispositif, et que la question des salaires et des investissements industriels ne sera plus une question taboue dans notre pays ! On se heurte quand même à ça.
Le Smic. "Je pense que le fait que le gouvernement ait décidé de ne pas augmenter le SMIC dans notre pays est une mauvaise proposition, une mauvaise action de la part de ce gouvernement. Je pense que geler le point d'indice des fonctionnaires depuis 4 ans est une mauvaise nouvelle pour la croissance, l'emploi et la dynamique d'achat qui, on le sait, provoque une dynamique d'emploi."
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La position du Medef. "Le problème, c'est qu'il y a ce qu'annonce le Président et puis il y a la réponse que lui adresse le patron des patrons, M. Gattaz. Pierre Gattaz dit au Président : "J'ai bien entendu que vous allez me donner 30 milliards d'euros supplémentaires, par contre pour des contreparties il n'y a aucune raison que je m'engage". D'ailleurs vous remarquerez que l'ensemble des syndicats de salariés, pas seulement la CGT, réclame aujourd'hui qu'il n'y ait pas un pacte de confiance absurde, aveugle, mais des engagements clairs de la part des entreprises."
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Ce qu'il attend de la CGT. "Je suis caractérisé par trois mots : je pense que nous devons avoir une CGT accessible, qu'on puisse être touchés par l'ensemble des salariés ce qui n'est pas le cas aujourd'hui. Une CGT utile, qui rapporte. Et enfin une CGT solidaire". Qui signe aussi des accords entreprises. "Bien sûr ! C'est marrant cette image qu'on colle à la CGT, comme quoi elle ne signerait pas d'accords... Nous sommes le syndicat qui signe le plus d'accords !"
La baisse annoncée des impôts en 2015. "Ce que dit Bernard Cazeneuve ça n'engage que lui. Ce n'est pas ce que nous a dit le Président hier, ce n'est pas ce que nous dit le Premier ministre. Alors c'est un normand Bernard Cazeneuve, je le connais, moi aussi je le suis : c'est pt'êt' bien que oui, pt'êt' bien que non ! On verra ! Il faut attendre le moment venu. Faire croire aujourd’hui aux Français que les impôts baisseront en 2015 alors qu'on est dans une situation financière catastrophique, je trouve que ce n'est pas raisonnable (...) Si c'est possible il faut le faire mais à mon avis aujourd'hui la préoccupation que doit avoir le pays ce n'est pas forcément la baisse des impôts notamment pour les entreprises - pour les familles je suis favorable à une baisse d'impôts - mais il faut redonner du sens à l'impôt ! L'impôt c'est le vivre ensemble ! Il faut retrouver le goût et les moyens de vivre ensemble."
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Sa position contestée en interne. "Écoutez, je ne suis pas le chef des fédérations ni le chef des territoires mais secrétaire général de la confédération ! J'ai été élu à plus de 99% et toutes les décisions que je soumets aux organes de direction sont votées à la quasi-unanimité. Il y a encore quelques militants, quelques camarades, quelques amis qui dans l'organisation souhaitent exister par-delà le congrès confédéral qui a eu lieu il y a 9 mois. Je suis secrétaire général de la CGT, j'entends assumer toutes mes responsabilités."
Interview retranscrite par Mickaël Frison