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Chaque jour, David Abiker scrute la presse papier et le web et décrypte l'actualité.

Bonjour David,

Bonjour Nikos, bonjour à tous,

A la Une de la presse ce matin, l'assurance chômage et un lapsus qui ne rassure pas ?

Oui, à lire les titres des journaux, jamais assurance n’a été aussi peu rassurante. Noter que l’assurance chômage est d’abord "un pari sur l’avenir", mais ça c’est le titre de L’Equipe et ça concerne l’équipe de France de Rugby. Non, à la Une de vos quotidiens la réforme de l’assurance chômage ne rassure pas. "Le plan choc du gouvernement" titre Les Echos, "Le Grand remue-ménage" pour L’Opinion, "Une réforme critiquée de toutes part" dans Le Figaro, c’est "La réforme qui fâche" pour Le Parisien-Aujourd’hui en France, un "Big bang sur le dos des chômeurs" s’alarme L’Humanité. Mais ce n’est pas tout.

Comment donner des assurances sur la réforme de l’assurance chômage quand soi-même on n’est pas assuré d’avoir les mots pour le dire ? Ecoutez bien fourcher la langue de Muriel Pénicaud qui présentait sa réforme et s’est fendue d’un superbe lapsus. Un lapsus qui ne prouve qu’une chose : lorsqu’on présente une réforme de l’indemnisation, on n'en sort pas toujours indemne.

Quand les éditorialistes jugent la réforme

Pour Claude Weil de Nice Matin si l’idée était de plumer "la poule sans la faire crier, c’est raté. De la CGT à la CPME en passant par le MEDEF et la CFDT, fâcher en même temps le monde syndical et le patronat c’est la preuve que le dispositif est équilibré". Même tarif dans La Voix du Nord "avec cette réforme explique Hervé Favre, Muriel Pénicaud s’est mise à dos à la fois les organisations patronales furieuses du malus imposé sur les contrats courts et les syndicats de salariés tous remontés contre le durcissement des règles d’indemnisation". Mais dans Le Parisien-Aujourd’hui en France, Frédéric Vézard place syndicats et patronat face à leurs responsabilités.

"Ceux-là même qui s’indignent aujourd’hui feraient bien de se rappeler qu’ils ont été incapables de s’entendre pour éviter la déconfiture financière de l’UNEDIC qui gère l’Assurance chômage et fait face aujourd’hui à une dette colossale de 36 milliards d’euros. Comment s’étonner qu’il faille un traitement de choc pour la sauver ?". Alors selon l’adage quand je me regarde je me désole et quand je me compare je me console on jettera un œil à ce qui se fait chez les Allemands.

Indemnités chômage : comment font les Allemands ?

L’Opinion qui l’affirme l’Allemagne a un système d’indemnisation plus sévère que la France sur bien des points. A l’issue de la réforme, il faudra en France justifier de six mois de travail sur les deux dernières années, en Allemagne il en faut 12 sur la même période. La durée d’allocation est également plus courte en Allemagne où les moins de 50 ans n’ont droit qu’à 12 mois contre deux ans en France. Enfin les allemands touchent en moyenne des indemnités moins élevées que les Français et les entrepreneurs peuvent là-bas enchaîner les contrats courts sans pénalités.

"Quand le mot désigne une fonction de direction, le masculin résiste et le féminin rame"

 

Mais surtout le régime Français a 35 milliards de dettes quand le régime allemand en a 23 milliards en réserve. Normal le chômage y est moins élevé. Et à la fin comme on dit, c’est la France qui perd puisque c’est l’Allemagne qui gagne sur le terrain de l’emploi.

"Vainqueures", "vainqueuses" ou "victrices" ?

Pourquoi est-ce si difficile en ces temps de coupe du monde d’accorder les fonctions en genre ? La fédération française de foot continue d’employer les masculins "sélectionneur", "entraîneur" pour désigner les sportives. Ou alors elle opte pour le faux féminin "défenseure" quand L’Equipe, Libération ou TF1 osent désormais "défenseuse". "Sélectionneuse" en revanche peine prendre l’avantage. Pourquoi les accords au féminin sont-ils mis sur la touche ? A cause de l’idéologie, notamment quand le mot désigne une fonction de direction, le masculin résiste et le féminin rame.

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La presse a donc du mal avec "sélectionneuse" auquel elle préfère le masculin sélectionneur. Certains ont surtout très peur d’"entraîneuse" qui leur rappelle le plus vieux métier du monde alors qu’entraineuse est utilisé sans complexe dans bien des clubs… mais le plus dur c’est d’accorder vainqueur au féminin. "Vainqueuse" peine à gagner la partie. Libé s’interroge, alors faut-il renouer avec le médiéval "vainqueresse" ou le très latin "victrice" ? Dans tous les cas conclut le journal, le choix de "vainqueure" est pour les femmes une sorte de défaite lexicale…même en cas de victoire.