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Chaque jour, David Abiker scrute la presse papier et le web et décrypte l'actualité.

La presse au microscope

Grâce ou à cause des laboratoires, on part au cœur des grandes peur sanitaires et agroalimentaires qui font l’actualité en trois papiers. "Chlorpyrifos, une toxicité passée sous silence", c’est la une du Monde qui vous raconte ce mardi l’histoire d’un pesticide resté utilisé en Europe malgré les mises en gardes. Le Chlorpyrifos appartient à une famille de pesticides qui volent en moyenne 2,5 points de quotidien intellectuel à chaque enfant européen. Il est toxique pour le système nerveux central, c’est un perturbateur endocrinien qui peut interférer sur le développement du cerveau. Utilisé pour tuer les pucerons ou les chenilles. Il poursuit son existence sous la forme de trace laissées dans les oranges, les pommes, la laitue, l’urine des enfants et le cordon ombilical des femmes enceintes. D’après le Monde, la Commission Européenne s’apprête à l’interdire alors qu’il a fallu 20 ans pour évaluer les données scientifiques du fabriquant, données qui plus est erronées affirme le quotidien. Si la France a interdit le Chlorpyrifos en 2016, il est toujours présent dans certains produits d’importation. Il pourrait bien subir le même sort que le glyphosate dans les prochaines semaines. Reste à savoir pourquoi, s’interroge le Monde, l’Europe a été si lente à remettre en question la seule étude de neurotoxicité du produit. Une étude qui a plus de 20 ans, mais surtout une étude fournie par le fabricant.

Le labo qui traque les faux steaks

Quelques jours après les révélations sur les 7.800 tonnes de faux steak haché, Libération Champagne ouvre à ses lecteurs les portes d’Althisia, le Labo qui traque les faux steaks et l’un des trois laboratoires français capables de réaliser des analyses histologiques pour l’agroalimentaire. L’histologie alimentaire détermine la composition d’un produit. C’est là que s’épanouit la terreur alimentaire contemporaine. Et Libération Champagne (photo de coupe à l’appui) propose à ses lecteurs, à l’aide d’un microscope électronique de faire la différence entre un nugget poulet de qualité et un nugget premier prix. Avec un colorant, on distingue à gauche le bon nugget : le muscle s’y trouve en quantité importante avec des fibres longues. À droite, le nugget à bas prix : le muscle se trouve dans des poches isolées et on aperçoit en noir des morceaux d’os. En clair, à droite c’est de la merde et à gauche, c’est comestible. C’est le même type d’analyse qui a permis d’identifier la composition des faux steaks hachés dans lesquels on a identifié du soja, de l’amidon, du gras et de la peau. C’est à lire dans Libération Champagne et puisque ce mardi il est question de regarder en face et de très près des choses pas toujours ragoutantes, il faut ouvrir ce matin le Figaro.

Maladies moulées à l’hôpital Saint-Louis

Le Figaro qui n’a pas froid aux yeux vous emmène au musée des moulages de l’hôpital Saint-Louis à Paris. Il abrite 5.000 moulages de parties anatomiques qui racontent les traces laissées par les grandes maladies à la fin du XIXe siècle. Tuberculose, galle, syphilis, tumeurs ou teignes, autant de maux dont on moulait les ravages sur le corps des malades, morts ou vifs. On est dans une ambiance à mi-chemin entre "Elephant Man" et "Les Misérables". Pour saisir dans leur crudité ces fléaux qui frappaient surtout les classes populaires, il existait un métier que l’imagerie médicale a aujourd’hui remplacé : mouleur. L’hôpital Saint-Louis en a employé cinq à partir de 1865. On connaît une partie seulement de leur secret de fabrication : trouver un beau malade, protéger la partie à mouler avec du boyau de porc, répandre dessus un plâtre très liquide, faire sécher, verser ensuite de la cire chaude dans le moule et retrouver par des pigments les couleurs plus vraies que nature d’une maladie de peau. Non ce n’est pas dégoûtant, c’était utile, explique le Figaro. Et c’était avant que la photo, la radio, l’imagerie 3D, le scanner et l’IRM ne fassent des prodiges. Ce musée des moulages se visite mais, comme chez le docteur, il faut prendre rendez-vous et avoir plus de 12 ans. Principe de précaution oblige.