Chaque jour, David Abiker scrute la presse papier et le web et décrypte l'actualité.
Des femmes sur le terrain et un Premier ministre sur le terrain des femmes
Les femmes sur le terrain c’est la Une de l’Équipe qui célèbre la victoire au mental des Bleues, cette équipe de France féminine de Football qui l’a emporté ce mercredi deux buts à un face à la Norvège. Mais que nous dit L’Obs de cette semaine ? Que le foot féminin ne se résume pas aux performances des Bleues. L’hebdomadaire les a rencontrées ces filles qui ont voulu faire du foot envers et contre tous (tous au masculin). Annie Fortems (63 ans et ancienne joueuse de première division) se rappelle des cris dans les gradins à ses débuts, quand les filles débarquaient sur le terrain "Retourne à la cuisine, occupe-toi des gosses !". La classe. S’occuper des gosses c’est un peu ce qu’a fait ce mercredi le Premier ministre en s’aventurant lui sur le terrain des femmes puisqu’il a annoncé que le projet de loi sur la Procréation médicalement assistée pour toutes serait examiné en septembre. Pour le Figaro, ce n’était pas une priorité. Pour l’Opinion, le gouvernement drague la gauche. Pourtant Bruno Dive de Sud Ouest estime ce matin que la PMA pour toutes (y compris les femmes en couple) reste la plus spectaculaire des annonces formulées ce mercredi par le Premier ministre.
La PMA pour toutes, enfin, se réjouit Libération
C’était pas gagné, explique Libération. Depuis un an, on attendait ce projet sans cesse retardé. Et puis c’est le bon moment, la droite conservatrice (après sa déconvenue aux européennes) aura du mal à être audible sur le sujet. Pourtant Libération s’interroge, quid des autres sujets bioéthiques : le dépistage génétique, les greffes d’organes, les big datas en santé… Ouverture ou conservatisme ? Comme si la PMA risquait de devenir la seule avancée sociétale du quinquennat. Dans le Point, le Professeur Moutel (spécialiste de bioéthique) répond à trois arguments contre la PMA pour les couples de femmes. D’abord, le désir d’enfanter est un droit fondamental et rien ne prouve qu’être élevé par deux femmes est préjudiciable à l’enfant. Deuxième objection, la médecine doit-elle se mêler de procréation quand il n’y a pas de pathologie ? Le médecin répond qu’aujourd’hui la médecine ne fait pas que soigner, elle aide les gens à mieux vivre. Enfin la PMA c’est la porte ouverte à la GPA disent les détracteurs de la PMA. Réponse du Professeur Moutel, il faut amorcer sur ce sujet un débat bioéthique sur des éléments humains sans faire de l’idéologie et du clivage. Le clivage, on le retrouve au sénat sur un sujet qui concerne aussi le corps des femmes.
Délai pour avorter : les conservateurs, les deux pieds sur le frein
Nouvel imbroglio sur l’allongement des délais pour avorter, titre le Figaro. Et pour cause, vendredi, un amendement de l’ancienne ministre de la Famille et des Droits des femmes (Laurence Rossignol) est adopté au sénat et porte de 12 à 14 semaines le délai légal pour pratiquer une IVG ce qui éviterait à plusieurs milliers de Françaises de le pratiquer chaque année à l’étranger. Mais ce mercredi, au Sénat, la Commission des affaires sociales (présidée par le sénateur LR Alain Milon) a demandé et obtenu une seconde délibération. Résultat, le Sénat botte en touche jusqu’à l’automne. Un incident qui montre que les conservateurs ont les deux pieds sur le frein sur ces questions. Mais c’est sans comparaison avec ce qui se passe aujourd’hui aux États-Unis et on lira les quatre pages que consacre Libération au recul du droit à l’avortement aux États-Unis.
La natalité anti-écologique ?
Sur le sujet de la natalité, on lira aussi et encore le Point qui pose cette question : faut-il arrêter de faire des enfants ? C’est le refrain qui monte dans les milieux écologistes au point que deux chercheurs suédois ont calculé que renoncer à enfanter permettrait d’économiser 58 tonnes de dioxyde de carbone quand renoncer à la voiture n’en fait gagner que deux et demi. Mais le désir d’enfant et surtout l’amour ont leur raison que la raison ignore.
Chagrin d’amour : même les poissons ?
L’amour, un autre sujet pour le biologiste François Xavier Dechaume-Montcharmont dont les équipes viennent de démontrer qu’une certaine variété de petits poissons d’eau douce du nom d’Amatit-Lania Siquia développent une forme de cafard quand on les sépare. Comment les chercheurs l’ont-ils démontré ? Tout est dans le Figaro. Ils ont testé la réactivité des poissons en couple puis ont séparé les femelles des mâles. Une fois éloignés de leur partenaire, les poissons femelles n’ont pas les mêmes facultés de jugement, d’adaptation et d’enthousiasme que celles qui sont restées avec l’élu de leur cœur. "Un seul être vous manque et tout est dépeuplé", disait Lamartine cité par le Figaro. Pour un poisson ça s’appelle toucher le fond.