La presse quotidienne revient ce mercredi sur la situation des PME notamment à travers la loi travail.
Ce matin en Une de vos journaux on continue l’inventaire des renoncements :
Le Monde : Code du travail : Manuel Valls lâche du lest.
Le Figaro : Hollande rouvre les vannes de la dépense publique.
Le Parisien : deux milliards pour reconquérir la gauche.
L’Opinion : Hollande et les PME : 4 ans d’amour vache.
Le Canard Enchainé : Réforme du code du travail : la CFDT approuve, la CGT et FO s’opposent : Hollande condamné à diviser pour rogner.
Retrait russe en Syrie
Les commentateurs semblent perplexes ce matin. Perplexes et un peu bluffés. Une fois de plus, Vladimir Poutine a pris tout le monde de court. Le Monde en est réduit aux conjonctures et souligne d’ailleurs que les États-Unis eux-mêmes n’avaient pas été informés. Le Figaro voit un nouveau tournant dans le conflit mais surtout un triple coup pour le président russe qui évite l’enlisement et les souffrances supplémentaires infligées à l’économie russe, qui donne un gage de bonne volonté aux occidentaux et qui met son allié Bachar El Assad sous pression au moment où s’ouvrent les pourparlers de Genève. Bref, il est au centre du jeu et apparait comme le seul à savoir où il veut aller. Dans l’Opinion, Jean Dominique Merchet souligne surtout à quel point la France est hors-jeu. "18 heures ! C’est le temps qu’il a fallu au Quai d’Orsay pour simplement prendre note de la décision de Vladimir Poutine. François Hollande se devait d’agir dans le monde tel qu’il est et non dans celui qu’il aurait aimé qu’il fût. Un monde dans lequel les russes manœuvrent avec audace alors que les Américains, las de leurs guerres, ne le font plus". Mais une France muette sur la Libye et pire encore sur la Tunisie parait avoir d’ores et déjà renoncé.
Lobbies
Le Canard Enchainé et Libération reviennent sur le lobbying forcené des industriels de l’automobile pour alléger les mesures contre le diesel et sur l’art subtil d’influencer le discours scientifique. Mais le Monde nous présente un autre visage du lobbying. Dans un article, le journal s’étonne d’une lettre adressée par le ministre de l’Agriculture aux députés et les incitant à ne pas voter l’interdiction des néonicotinoïdes, ces pesticides qui tuent les abeilles. Une position étonnante de la part d’un ministre qui défend sa propre action volontariste et reconnait la neurotoxicité des molécules en question. Mais en pleine crise agricole, l’argument est simple : une action "ne peut se faire en créant des distorsions entre les agriculteurs français et le reste des agriculteurs européens". C’est l’argument du premier syndicat agricole, la FNSEA, qui considère que la dite crise viendrait, non pas du modèle industriel qu’elle défend, mais des normes environnementales qui freinent la compétitivité. On attendra donc le bon vouloir de Bruxelles en espérant que là-bas, le lobby des pesticides sera moins efficace que celui de l’automobile.
L’Église dans la tourmente
20 minutes le résume en une : L’Église mise au pilori. Et les mots dans les éditoriaux sont violents : hypocrisie, omerta. "Monseigneur Barbarin a juridiquement raison mais moralement tort" tranche Patrice Chabanet dans le Journal de Haute Marne. Mais des voix se font entendre qui nuancent légèrement. "Monseigneur Barbarin, remarque Sébastien Lacroix dans l’Union, est surtout resté dans les mémoires comme l’un des adversaires farouches de la loi sur le mariage pour tous, ce qui explique en bonne partie l’ampleur du lynchage dont il fait les frais. Jusqu’à Manuel Valls qui s’en mêle en demandant à l’archevêque de prendre ses responsabilités, c’est-à-dire de démissionner. Il lui enjoint même de comprendre la douleur des victimes, ce qui ajoute un procès d’intention au reste. Pour un peu, il lui proposerait de venir se confesser à Matignon". Alors, le Parisien est allé interroger des fidèles et Micheline, 94 ans, lance sans hésiter : " Il faut lever le tabou du mariage des prêtres. Ça n’empêchera pas tous les vicelards car la pédophilie ne s’arrête pas à la porte du mariage mais ça mettra fin à un certain malaise". A côté d’elle, Myriam ajoute : "Tant que la sexualité sera tabou on n’y arrivera pas". Vaste programme.
Centre d’accueil pour SDF
Si vous voulez rire un peu ce matin c’est dans Libération et le Figaro. Les compte rendus de la réunion organisée à l’université Paris Dauphine pour débattre de l’implantation d’un centre d’accueil pour SDF dans le 16ème arrondissement. On est entre gens bien élevés, vu le prix du mètre carré, mais quand la préfète prend la parole les digues sautent. Le vernis bourgeois aussi. Salope, Hidalgo au bois, Sophie Broca caca, mettait les à Calais. Et quand le président de l’Université tente de ramener le calme en demandant aux militants s’ils se rendent compte du spectacle qu’ils donnent aux étudiants, il reçoit un connard. Bien sûr, chacun explique qu’il n’a rien contre la solidarité avec les mal-logés. Tant que c’est ailleurs. Chez les pauvres.
Cités fantômes
Le XVIème est surpeuplé. Allons dans ces lieux que les êtres humains ont abandonnés. Le site de Libération nous propose un voyage en dix photos. Dix lieux où la nature reprend ses droits sur la tôle rouillée et le béton effrité. Le sable de Namibie qui remplit une pièce jusqu’à mi fenêtres, les auto-tamponneuses d’un parc d’attractions à trois kilomètres de Tchernobyl, un vieux navire échoué sur le désert qu’est devenue la mer d’Aral ou les maisons recouvertes de végétation d’un village de pêcheurs abandonné dans la baie d’Hangzou. Exercice d’humilité qui nous rappelle que la nature n’a pas besoin de nous et pourrait aussi bien nous effacer.
Le Canard Enchainé nous signale la sortie d’un livre. La correspondance du poète Henri Michaux réunie sous un titre : Donc, c’est non. Parce que Michaux a passé sa vie à dire non. Aux interviews, aux photos, aux prix littéraires. Cerné par ces êtres malfaisants qui envoient des livres, des demandes de collaboration, d’illustrations. Pas de tripotage dans ma vie, lance-t-il, que je ne finisse pas gavé de mon propre nom. Alors il demande à son éditeur une secrétaire qui sache de 40 à 50 façons d’écrire non. Une charge contre les hommages et les bons sentiments en pompe, contre cette mode inepte de tout mettre en spectacle. Dire non. Le privilège de l’artiste intègre. Du résistant. Du visionnaire. Le gestionnaire dit oui. Oui au lobby des pesticides, oui à l’augmentation du point d’indice, oui au spectacle.