France 3 refuse de diffuser un film qu'elle a co-produit sur le milieu islamiste notamment à cause d'images non floutées de l'exécution du policier Ahmed Merabet.
Le fait média du jour, c’est France 3 qui refuse de diffuser un documentaire qu’elle a pourtant aidé à financer !
Ce film, il s’appelle Salafistes, il s’intéresse au quotidien des djihadistes et il donne la parole à de nombreux responsables de l’islam radical.
Une décision inédite de la part de France 3
C’est la première fois qu’une chaîne de télévision publique qui investit dans un film en tant que coproducteur prend une telle mesure. Non, elle ne diffusera pas à l’antenne Salafistes réalisé par François Margolin et Lemine Ould Salem.
Il faut dire que ce film n’est pas n’importe quel film, c’est un documentaire choc sur l’islam radical.
Choc sur le fond, d’abord, puisqu’il offre une plongée très crue, sans artifices, dans la vie sous la charia, une immersion au cœur du quotidien des djihadistes, au plus près de l’idéologie salafiste.
Un film choc sur la forme, aussi. Les deux réalisateurs du documentaire sont allés à la rencontre de responsables d’Al Quaida au Maghreb Islamique. Ils ont donné la parole à des imams, à des chefs religieux, à des partisans du salafisme, à des djihadistes en Mauritanie, au Mali ou encore en Tunisie. Mais surtout, ce film présente une succession de vidéos de propagande. On y voit des lapidations, des amputations et des exécutions. L’arsenal médiatique que les organisations djihadistes ont l’habitude d’utiliser pour revendiquer leurs actions.
On y voit également une séquence d’une dizaine de secondes. C’est l’exécution d’un policier, Ahmed Merabet, par les frères Kouachi, quelques minutes après la tuerie de Charlie Hebdo.
Des images diffusées sans contrepoint, sans avis contradictoire et sans commentaire, comme pour leur donner plus de force.
Mais c’est là bien évidemment que ces images posent problème
Ce traitement des deux réalisateurs est sujet à controverse. Sans les accuser de complaisance avec leur sujet, on leur reproche de ne pas mettre en perspective les propos tenus et les images violentes et barbares, extraites de la propagande djihadiste.
C’est le reproche que leur fait la direction de France Télévisions mais aussi de nombreux observateurs qui ont pu voir le film.
Reste que la forme de ce documentaire, si polémique, est totalement assumée par ses deux auteurs. François Margolin, l’un des co-réalisateurs du documentaire qui était l’invité d’Europe Midi hier.
En clair, pour François Margolin, pas question de revenir sur la forme. Son film a une vocation pédagogique servie par le choix des images qui le nourrissent.
Comment France 3 peut-elle coproduire un film et décider ensuite de ne pas le diffuser ?
Petit rappel, la chaîne reste tout de même responsable de ce qu’elle diffuse sur son antenne et dans le contexte actuel, elle estime qu’elle ne peut pas diffuser ce film.
Ce matin, la direction de France Télévisions nous assure qu’il en va de la cohérence avec sa ligne éditoriale. On nous affirme aussi que le résultat final, on l’a découvert au tout dernier moment et qu’il n’y a pas eu un suivi du projet.
C’est là que se pose une question : comment la filiale cinéma de France 3 qui a coproduit le documentaire à hauteur de 20% a pu laisser se monter un tel documentaire sans exiger un droit de regard ?