Ce samedi, Catherine Nay décrypte le refus de Sylvie Goulard au poste de commissaire par les eurodéputés.
Bonjour Catherine,
Bonjour Bernard, bonjour à tous.
Les Eurodéputés ont écarté Sylvie Goulard, la candidate désignée par la France au poste de commissaire. Un rejet massif. Un revers sans précédent pour la France. "J'ai besoin de comprendre ce qui s'est joué", a commenté Emmanuel Macron qui a très mal pris la chose.
Il faut dire qu'avec 82 voix contre et 29 voix pour, c'est une torgnole. Un très mauvais signal pour la France. Au lieu de faire profil bas, de calmer le jeu, le président, mauvais joueur, a commencé à s'en prendre à la présidente de la Commission. Ursula Van Der Leyen. C'est elle qui a choisi Madame Goulard, a-t-il dit. Elle lui aurait assuré avoir obtenu l'accord des trois présidents de groupe du Parlement Européen qui tous, hier, disaient n'avoir jamais reçu de coup de file de la présidente de la Commission.
"J'ai besoin de comprendre", dit le président.
Le rejet de Sylvie Goulard rappelle le péché originel, celui de l'élection de Madame Ursula Van Der Leyen, soutenue par Paris et avec quelle pression auprès d'Angela Merkel. Et cela au détriment des Spitzen Kandidaten. Système qui voulait que les partis du Parlement Européen présentent chacun leur candidat à la présidence de la Commission Européenne. En l'occurrence, c'est le PPE, parti de droite conservatrice, qui aurait dû voir son président, Martine Veber, succéder à Jean-Claude Junker. Mais Macron s'y est opposé. Et Madame Van Der Leyen ne l'a emporté que de 9 voix, ce qui est très peu. Donc, ce vote contre Goulard, est un rappel du rapport de force. Le PPE, qui compte 187 élus, Emmanuel Macron n'a cessé de l'humilier, refusant que les élus en Marche y siègent. Il espérait pouvoir réunir assez d'élus pour constituer un groupe qui serait le pivot d'une recomposition du paysage politique dans l'hémicycle européen. Avec 100 élus, le groupe Reynew n'a pas le poids qu'il espérait.
Mais le cas Goulard posait problème.
Beaucoup avaient mis en garde Emmanuel Macron, dont François Bayrou. Goulard, ça ne passera pas, disait-il. Mais le président ne voulait rien entendre. A l'époque où les citoyens ne souffrent plus que leurs dirigeants prennent des libertés avec l'éthique, c'est justement la sienne qui était en cause, pour avoir employé indûment un assistant parlementaire basé en France, et donc participé à un système d'emplois fictifs du MoDem. En plus, elle avait été rémunérée pendant 3 ans par un Institut d'étude américain appartenant à un financier controversé. Mais surtout, c'est pour ces 2 raisons qu'elle avait démissionné en 2017 de son poste de ministre des Armées. Comment imaginer que ce qui était valable en France ne le soit pas au niveau européen, alors que n'importe quel candidat d'un petit pays aurait été éliminé pour ces raisons ?
Beaucoup avaient mis en garde Emmauel Macron, dont François Bayrou. Goulard, ça ne passera pas, disait-il. Mais le président ne voulait rien entendre. A l'époque où les citoyens ne souffrent plus que leurs dirigeants prennent des libertés avec l'éthique, c'est justement la sienne qui était en cause, pour avoir employé indûment un assistant parlementaire basé en France, et donc participé à un système d'emplois fictifs du MoDem. L'enquête en France n'est pas close. En plus, elle avait été rémunérée pendant 3 ans par un Institut d'étude américain appartenant à un financier controversé. Et c'est pour ces raisons-là qu'elle avait démissionné en 2017 de son poste de ministre des Armées.
Comment imaginer que ce qui était valable en France ne le soit pas au niveau européen ? Et puis autre handicap pour elle, la Commission juridique venait d'éliminer la commissaire roumaine pour des questions d'emprunts indus, et le commissaire hongrois, qui lui n'avait pas de casserole particulière, mais dont Stéphane Séjourné, député européen macroniste, se flattait tout haut d'avoir eu la peau. Les macronistes ont été très actifs pour dézinguer les Hongrois de tous les postes subalternes dans les 22 commissions. D'où une réputation d'arrogance.
Conclusion : c'est l'image de Macron l'Européen qui est atteinte.
Si tout le monde le crédite de conviction européenne sincère, il démontre une absence de savoir-faire. Disons qu'il n'a pas la main verte dans ses choix de personnes. Nathalie Loiseau, qui conduisait la liste, n'était pas une flèche. Et a fait preuve de trop de maladresses pour obtenir la présidence du groupe Renew. Après cela, le flop avec Sylvie Goulard, dont personne ne niait les compétences, même si l'on jugeait que son périmètre obtenu par la France était beaucoup trop vaste. Et puis, Amélie de Monchalin, la jeune ministre des Affaires européennes qui donne des leçons, a vu dans l'échec de Madame Goulard la collusion entre les Républicains et le Rassemblement National. Des répliques mal ajustées qui créent une vraie défiance.