Les primaires ont été riches en rebondissements. Un spectacle électoral qui permet d'ancrer les primaires dans le logiciel politique de la droite.
Clap de fin de campagne pour la primaire de la droite et du centre. Chacun a voulu y voir un gage d'espoir pour demain. Bilan de ces primaires avec vous Catherine Nay.
Un bilan plutôt positif qui a permis de voir les différences de chacun, même si rien n'empêcherait qu'ils gouvernent ensemble. On a évité le pugilat. Comparé à la campagne américaine, cela avait de "la tenue". C'est d'autant plus méritoire que les primaires ne sont pas dans la culture de la droite, davantage tournée vers le gaullisme, qui a toujours fonctionné grâce au culte du chef. La présidentielle étant la rencontre entre un homme et un peuple. Pourtant, l'idée de la primaire à droite c'est Charles Pasqua qui avait lancé l'idée après la défait de Jacques Chirac de 1988, quand Raymond Barre l'avait talonné et qu'il avait finalement perdu contre Mitterrand. L'idée c'était de mettre fin à la sempiternelle division RPR et UDF. Le projet n'avait pas abouti mais c'est François Fillon qui l'avait remis au goût du jour après sa défaite face à Jean-François Coppé. Il ne voulait pas que ce dernier dont il dénonçait la triche, soit le candidat naturel en 2017. Sans doute escomptait-il que la primaire empêcherait Nicolas Sarkozy de revenir.
En tout cas la droite a su organiser les primaires. Les électeurs trancheront demain, dimanche 20 novembre, pour le premier tour.
Ces primaires sont dites "de la droite et du centre", bien que six candidats sur sept soient issus de la même matrice : l'ancien RPR. Il n'y a pas eu de candidat centriste. Le dernier débat a confirmé le trio de tête qui s'était imposé dès le départ : Juppé, Sarkozy et Fillon. L'expérience plutôt que le renouveau. Pour les autres cette élection est davantage un investissement d'avenir. Demain il n'en restera que deux. Lesquels ? Juppé et Sarkozy ? Sarkozy et Fillon ? Juppé et Fillon ? Le suspense est entier. En tout cas cette campagne aura été palpitante. Car si on comptait au début sur le duo Sarkozy et Juppé, les cartes ont été brouillées. Juppé a pu compter sur les centristes de tout poil et sur les déçus de Hollande. Il faisait figure de favori et a beaucoup joué sur l'anti-sarkozysme. Mais Nicolas Sarkozy, fort de son soutien des militants, en ciblant l'encombrant allié Bayrou, a réussi à propager le risque d'une alternance "molle" avec Juppé. Il est parvenu à semer le doute sur le maire de Bordeaux.
Puis la surprise, assez tardive, de la remontée spectaculaire de François Fillon. On est passé à un match à trois !
Les sondeurs ne l'avaient pas vu venir, ni les analystes. "Il y a comme une vague qui monte" disait Fillon au Palais des Congrès. Oui, il a surpris, par sa ténacité et son autorité. Jeudi 17 novembre, il a été le seul à dire son fait aux journalistes, coupables à ses yeux de vouloir détourner l'attention, préférant la bagarre au débat de fond. De tous les candidats, il se trouve le plus au centre de gravité de tous les désirs de la droite française. Au fond, il fait la synthèse de ses deux rivaux.
La prime ira-t-elle à celui qui fait le plus "président" ?
Après une fin de quinquennat Hollande assez dégradée, le retour à la dignité et à l'autorité est sans doute l'enjeu majeur de l'élection de 2017. La roue tourne. Encore une semaine, un débat télévisuel avec de nouveaux risques de dérapages, puis un deuxième vote. On saura ensuite quel candidat affrontera Marine Le Pen... ou l'improbable candidat de la gauche ! En tous les cas, une chose est acquise : les primaires sont définitivement ancrées à droite.