Donald Trump, 45ème président des Etats-Unis, a été reçu à la Maison Blanche par Barack Obama. Pour sa première apparition dans sa nouvelle fonction, Trump a donné une toute autre image de lui-même que pendant la campagne présidentielle.
W.B. : La victoire surprise de Donald Trump face à Hillary Clinton a fait l'effet d'une bombe. Après le choc des résultats, se sont enchaînés les premiers mots, puis les premiers pas du 45ème Président des Etats-Unis. Nouvelle surprise... On a eu l'impression que le candidat et le président n'étaient pas le même homme !
C.N. : L'élection de Barack Obama devait marquer l'avènement d'une Amérique apaisée et post-raciale. 8 ans plus tard, les Américains ont élu un homme qui est son exact contraire. Un milliardaire, symbole de la réussite, animateur de télé-réalité, qui, pendant sa campagne, a insulté tout le monde, tour à tour, raciste, xénophobe, homophobe, misogyne... Un novice en politique qui n'a jamais eu de mandat électif et qui a joué sur les peurs.
Il y avait 17 candidats lors de la primaire républicaine. Tous des élus. Aucun n'a pu faire barrage à celui qu'ils dénonçaient comme un bouffon, un bateleur, un inculte. Et puis voilà que tout juste élu, c'est la métamorphose. On a vu un Donald Trump très maître de lui, dire sur un ton qu'on ne lui connaissait pas qu'il s'engageait à être le président de tous les Américains, que l'heure était venue de panser les plaies. Il a promis de travailler avec tout le monde, rendant même un vibrant hommage à Hillary Clinton, à son travail, son courage alors que deux jours avant, il menaçait encore de l'envoyer en prison. De quoi désorienter son électorat, qui rêve encore de castagne.
W.B. : Le lendemain, il était reçu à la Maison Blanche par Barack Obama. Et là, encore une surprise !
C.N. : Oui, ça n'était plus le Trump agressif de la campagne. On l'a vu un peu tassé sur son fauteuil, l'air très grave, comme accablé par le poids de sa charge dont il commence à prendre la mesure. Faire campagne est une chose, et gouverner une autre. Et surtout, si respectueux, disant quel grand honneur il ressentait d'être reçu par le président Obama, qu'il avait pourtant insulté pendant des mois.
Barack Obama a qualifié, de son côté, d'excellente leur conversation. Lui qui, avec sa femme, s'était tellement engagé pour soutenir Hillary Clinton en prévenant les Américains du péril qu'ils encouraient à élire un type infréquentable comme Trump. Ça, c'est la démocratie.
W.B. : Et maintenant, que va-t-il faire ? Il va bien falloir qu'il honore ses promesses et donne des satisfactions à ceux qui l'ont élu.
C.N. : Dans sa campagne, il s'était engagé à supprimer la réforme de la santé mise en place par Barack Obama. un programme d'assurance obligatoire mais qui avait aussi un coût : 900 milliards de dollars sur 10 ans. Mais après son entrevue à la Maison Blanche, Donald Trump semble mettre un peu d'eau dans son vin. Il pourrait simplement, dit-il, amender la loi et non l'abroger.
W.B. : Il a reçu l'appui du camp républicain, qui a gardé le contrôle des deux chambres lors des élections qui ont eu lieu le même jour que celle de Donald Trump.
C.N. : Ce qui lui donne les coudées franches pour gouverner. Parmi ses priorités, la lutte contre l'immigration illégale et la baisse des impôts pour tous. On va voir s'il tient la promesse de construire un mur le long de la frontière mexicaine de 1 600 kilomètres, s'il met 11 millions d'immigrés clandestins en centres de rétention, s'il défend toujours la liberté totale sur les ventes d'armes sans contrôle, s'il revient sur l'avortement, pourtant légalisé… Le candidat suggérait pour les femmes qui y recouraient une forme de punition. Mais c'est vrai qu'il s'est rétracté. Il promettait aussi de revenir sur l'autorisation du mariage homosexuel, alors que la Cour Suprême a confirmé ce droit. Climato-sceptique, on va voir s'il rompt l'Accord de Paris.
W.B. : On va voir le populiste à l'œuvre !
C.N. : Il est évidemment trop tôt pour faire des pronostics. Il entrera à la Maison Blanche en janvier. La révolution Trump, on en prendra la mesure peut-être lors de son discours d'investiture. Mais ne pas oublier des propos qu'il avait tenus en mai et rapportés par le Washington Post : "Tout ce que je dis aujourd'hui sont des suggestions. Je suis totalement flexible sur de nombreux sujets. Et c'est comme cela qu'il faut agir." Le candidat Trump faisait le portrait d'un président pragmatique.