Ce samedi, Catherine Nay décrypte les conséquences du mariage entre le prince Harry et Meghan Markle sur la société britannique, mais aussi sur l'image de la monarchie.
Bonjour Catherine,
Bonjour Wendy, bonjour à tous.
C'est le mariage royal de l'année. Le Prince Harry et sa fiancée Meghan Markle se diront oui tout à l'heure dans la chapelle de Windsor. La cérémonie, relayée par des télévisions du monde entier. On parle de trois milliards de téléspectateurs. Impossible de ne pas en parler avec vous ce matin.
Oui, parce ce qui est fabuleux, c'est que ces trois milliards de gens devant leur télé viennent chercher la même chose : rêver devant ce conte de fées pour adultes où tout est vrai. L'histoire d'un coup de foudre. Il était une fois un jeune Prince de 33 ans, très riche, très beau, qui tombe fou amoureux et épouse une actrice américaine très belle, roturière, divorcée, métis, catholique - mais baptisée en mars dernier selon le rite anglican, âgée de 36 ans. Comme c'est étrange, l'âge de Diana quand elle est morte. Un remake de Cendrillon, où le carrosse ne redevient pas citrouille à minuit. Dans le faste du château de Windsor, c'est la pompe royale britannique alliée à la modernité du casting. Et la beauté de l'histoire, c'est que ça n'est pas du cinéma. Après la naissance de Louis, 3ème enfant de Kate et William il y a un mois, c'est une période faste pour la couronne britannique.
Pour elle, c'est même une sorte de victoire.
Oui, en 2000, le journal The Guardian faisait campagne pour l'instauration d'une République. Il dénonçait la monarchie inutile, une majorité d'Anglais approuvait. En cause : le comportement jugé trop glacé de la Reine, au moment de ce séisme mondial qu'avait été la mort de Diana, adulée des foules. Bien sûr, la Reine avait fini par rendre hommage à son ex belle-fille, trop fantasque à ses yeux. Mais aujourd'hui, tout cela est oublié : 68% des Britanniques jugent la monarchie bonne pour le pays et la Reine recueille 80% de bonnes opinions. Au bout de 65 ans, chapeau !
Comment expliquer cette remontada ?
La monarchie s'est réinventée et adaptée à l'air du temps. La Reine a accepté que son fils Charles épouse sa maîtresse, Camilla. Et puis surtout, les princes William et Harry ont fait des choix amoureux qui apportent du sang neuf à la couronne. En 2011, William épousait une copine de classe, Kate, fille d'un prospère marchand de cotillons, symbole de la classe moyenne anglaise qui réussit. Et ces deux jeunes princes incarnent à merveille les figures d'orphelins blessés. Et on les aime parce qu'ils ont souffert. Mais ils rebondissent, parce que la vie est plus forte que tout, en perpétuant les engagements humanitaires de leur mère.
Et quel impact ce mariage pour la Grande-Bretagne ?
Un moment de répit, enfin des choses positives. Un peu de soleil dans l'eau froide. Cette cérémonie arrive au moment où la société britannique va mal : très divisée sur le Brexit, un clivage nord-sud qui s'accentue, une flambée de violences dans les villes, où des gangs s'entretuent- il y a trois ou quatre victimes par semaine. Beaucoup de couacs au gouvernement aussi : des notes de frais pas très catholiques de députés, un mauvais climat. La monarchie, exempte de tout scandale depuis des années, représente l'ordre au-dessus de ce chaos, une stabilité, un ciment social qui rassure et une continuité, car la relève est là. Et puis ce mariage fait marcher le tourisme, le commerce, rapportera un milliard de Livres, paraît-il. Cadeau !