Ce samedi, Catherine Nay brosse le portrait d'Emmanuel Macron, un an après son entrée à l'Elysée.
Bonjour Catherine,
Bonjour Wendy, bonjour à tous.
Emmanuel Macron fête ce week-end le premier anniversaire de son élection. Selon un sondage publié ce matin par Le Figaro, 48% des Français ont une bonne opinion de lui et donc 52% une mauvaise. La France est-elle coupée en deux ? 59% ne souhaitent pas qu'il se représente.
La France fête ses noces de coton avec Emmanuel Macron : un an déjà. Mais un an, c'est trop peu pour porter un jugement définitif. Les résultats d'une politique ne peuvent s'inscrire dans un délai aussi court ! Dans ce sondage, que voit-on en positif ? Qu'une large majorité de Français le juge dynamique, sachant où il va, compétent, incarnant le renouveau. Et juste 51% le trouvaient sympathique. Il y a un an, beaucoup s'interrogeaient sur sa capacité à diriger le pays, et même à obtenir une majorité à l'Assemblée nationale. Ceux-là se sont trompés, il y a un pilote dans l'avion. La maison est tenue, le gouvernement cohérent, pas de couac. Et pas, ou si peu de frondeurs dans sa majorité. On ne rigole pas avec la discipline. Emmanuel Macron a restauré l'autorité de la fonction présidentielle, mise à mal par son prédécesseur. Il incarne bien la fonction. Il a même redonné une certaine fierté au pays. La France a retrouvé de la voix sur la scène internationale.
Et ça n'est pas un Président inerte.
Non, c'est un drogué de travail qui dort peu, épuise ses collaborateurs. "Faire" est le mot qu'il préfère. Depuis son arrivée, la France est devenue un vaste chantier : moralisation de la vie publique, réforme du marché du travail, de l'assurance-chômage, de l'apprentissage, de la fiscalité du capital, de l'école, du bac, de la fonction publique, des institutions. Tous les cocotiers sont secoués. Il faut, paraît-il, remonter à 1946 pour trouver une pareille effervescence législative. Mais au bout du compte, on s'interroge : est-ce que ces réformes vont assez loin ? Et la dépense publique continue de croître. Pour l'instant, elle est absente de l'action présidentielle.
Dans le négatif, les Français ne le jugent pas humble, pas proche des gens, et surtout Président des riches.
Ses proches le reconnaissent : Emmanuel Macron n'a pas encore réussi à construire sa relation avec les Français. D'accord, il a les mains dans le cambouis, décide, assume les choix qu'il fait. Mais c'est du "circulez, il n'y a rien à voir". Il ne s'embarrasse pas trop de l'avis des corps intermédiaires. Il avoue même : "Je hais l'exercice consistant à expliquer les leviers d'une décision". Comprenez : je décide, je fais ce que je pense, parce que j'estime que c'est bien pour le pays. Et regardez : alors que les Français lui reprochent d'avoir supprimé une partie de l'ISF, il en rajoute une couche en annonçant au journal américain Forbes la suppression de "l'exit tax", qui avait été créée pour dissuader le départ des riches à l'étranger. Mais lui juge qu'il ne faut pas décourager les investisseurs. Et là, il a surpris tout le monde. Alors ses amis tentent d'expliquer : il dit et fait ce qu'il pense, que ça plaise ou pas. Mais au moins, il n'est pas un démagogue.
Du coup, on s'interroge : qu'est-ce que le macronisme ?
Son arrivée au pouvoir est le résultat d'une guerre éclair. Le macronisme se fait en marchant, c'est une construction permanente. Sa chance, c'est que politiquement, il occupe un vaste terrain. Avec lui, la droite ne sait plus trop ce qu'elle doit dire, quelles sont ses meilleurs angles d'attaque. Et une partie de la gauche ne le rejette pas. L'un de ses plus proches, qui a foi en lui, prophétise : à l'arrivée, il ne peut pas y avoir de demi-succès. Soit on aura vraiment transformé le pays, soit on tombera dans le fossé.