Ce samedi, Catherine Nay dresse un bilan de la première année de macronisme.
Bonjour Catherine,
Bonjour Wendy, bonjour à tous.
Tous les sondages le disent. La cote du Président de la République est au plus bas depuis le début du quinquennat et son Premier Ministre n'échappe pas à la même tendance. Et la polarisation de l'opinion n'a jamais été aussi forte. Explications...
D'abord, il y a la communication : Emmanuel Macron perd sur tous les tableaux parce qu'il y a brouillage. Il avait été élu en promettant de resacraliser la fonction présidentielle, abîmée, disait-il, par tous ses prédécesseurs. Les Français ont d'abord apprécié sa hauteur jupitérienne revendiquée, servie par un vocabulaire châtié et précieux puis, y ont décelé de l'arrogance. Mais bon, c'était son style. Et puis voilà que depuis quelques semaines, sa communication, fondée sur la rareté, se dérègle. Il multiplie les déclarations polémiques qui, au lieu d'apaiser, dérangent, dans un style relâché. "Le pognon de dingue", pour les aides sociales, ce qui n'est pas faux, parce que la France détient le record des dépenses sociales. Mais c'est la manière de le dire.
Et puis il y a eu les leçons aux collégiens, "insolents", les transgenres "en bas résille" à l'Elysée, pour la fête de la musique. "Une insulte au cœur de la France", a réagi son ami Philippe de Villiers. L'achat de vaisselle à 500.000 euros, la piscine de Brégançon, la plaisanterie devant le Pape pour lui présenter Jean-Yves Le Drian : "Il y a des Bretons partout, c'est la mafia française", tout ça parce que l'interprète du Pape est Breton. Mélangez le tout et ça nous fait un côté "caprice des dieux" qu'on digère mal, y compris chez les députés En Marche. Oui, disent-ils, le Président a trébuché.
On s'interroge : cette communication chaotique révélerait-elle un coup de fatigue ?
Ça ne serait pas étonnant, chez un homme qui dort si peu, même s'il a une résistance physique proprement inhumaine. Il épuise ses collaborateurs, ses ministres. Il y a aussi sa présence à l'international, qui lui prend énormément de temps. Mais on voit bien aujourd'hui que son talon d'Achille est de n'avoir pas su créer un lien affectif avec les Français. L'expression "Président des riches" s'est enracinée dans leurs têtes. La polarisation n'a jamais été aussi forte entre les classes les plus aisées, le plus souvent habitant des grandes villes, qui continuent de le soutenir, et les catégories plus populaires, qui vivent dans les territoires, ont des difficultés à joindre les deux bouts et pestent contre les 80 kms/heure. C'est la grosse colère.
Et puis il y a ses reculs, pêle-mêle : le plan pauvreté, remis à plus tard, même chose pour le plan réforme de la santé, le cafouillage sur les pensions de reversion.
Une vérité est en train d'éclater : Macron a été élu sur une promesse de baisse de la dépense publique et de réduction des inégalités. Comment réussir ce grand écart ? A la veille des arbitrages budgétaires pour 2019, on n'a pas encore trouvé la martingale financière pour poursuivre en même temps ces deux réformes. Et les choix de l'Elysée ne sont pas encore définitifs. Lundi, le Président réunit le parlement en congrès à Versailles. Sûrement parce qu'il pense avoir des choses importantes à lui dire. Et ça coûte cher. On verra, donc, s'il précise sa pensée et établit un calendrier de réformes. Autre aspect de sa volonté de dialogue : il va aussi recevoir les partenaires sociaux à l'Elysée, non plus séparément mais ensemble. Et cela pour la première fois.
Seule consolation : l'opposition n'en profite pas.
En effet, les cotes de Jean-Luc Mélenchon, d'Olivier Faure, nouveau patron du PS qui n'a pas réussi sa percée, et de Benoît Hamon, dévissent dans les sondages. Et la droite est dans une situation qui n'est guère plus reluisante. Si Emmanuel Macron déçoit, ses opposants également. Aucun ne représente d'alternative crédible. Autrement dit, "si je m'analyse, je me désole. Si je me compare, je me console" !