Nicolas Hulot affirme que l'on peut parfois rénover son habitation pour seulement un euro.
Vrai-Faux : le premier bilan de Nicolas Hulot.
Un bilan mitigé, alors que la France peine à remplir ses objectifs de réduction de gaz à effet de serre. La hausse des taxes sur le gazole fait grincer des dents, mais les Français peuvent la compenser, assure le ministre de l’Écologie, en profitant des nombreuses aides pour soutenir la rénovation thermique des logements.
"Regardez ce dont vous pouvez disposer. Parfois vous pouvez rénover pour 1 euro votre habitation !"
On peut rénover son habitation pour 1 euro. Vrai ou faux ?
C’est faux. La seule chose qu’on peut faire pour un euro (si on répond à certains critères, de revenus notamment), c’est isoler ses combles, en y faisant insuffler de la laine de roche. Et l'offre n’est pas nouvelle : une entreprise l'a créée en 2013, grâce à un dispositif encore plus ancien (il a 12 ans) : les Certificats d’Économie d’Énergie, qui obligent les fournisseurs, type Engie, à financer des mesures contre la précarité énergétique. Depuis 5 ans, 50 000 personnes ont fait rénover leurs combles pour 1 euro. Et ces certificats distribuent d’autres primes pour une foule de travaux : on peut changer sa chaudière, isoler ses murs... Le problème, qu'évacue totalement Nicolas Hulot, c’est que ce dispositif est bourré de défauts. Plusieurs rapports l’ont montré : c’est opaque, on comprend mal les aides, il faut remplir des montagnes de papiers pour gagner 20 euros sur le changement d’une fenêtre… Et comme il y a très peu de contrôles sur les économies d’énergies vraiment réalisées, on ne sait pas dire si c’est efficace. Ce qui est certain, c’est que le coût des travaux se répercute sur les clients : l’association Que Choisir a calculé que l’an dernier, les factures avaient gonflé, à cause de ces certificats, de 438 millions d’euros. Mais comme cela ne coûte rien aux finances publiques, le gouvernement adore.
Est-ce qu'il y a d'autres aides plus efficaces ?
D'autres aides, oui, il y en a des dizaines (sans compter celles des collectivités locales qui ne sont pas recensées), qui coûtent chaque année plus de trois milliards d'euros au budget. Mais sont-elles efficaces ? L'Inspection Générale des Finances en doute. Il y a sept millions de passoires thermiques en France, 20 millions de logements datent d'avant 1975, mais les rénovations traînent (alors que le bâtiment résidentiel et tertiaire, qui avale 46% de notre consommation totale d’énergie, représente 27% des émissions de gaz à effet de serre.) L’objectif fixé (en 2013) par François Hollande de 500.000 logements rénovés par an, n'a jamais été atteint. Monsieur Hulot s’est fixé exactement le même, mais on n'y est toujours pas. Car ces aides proposées sont une jungle. TVA réduite, crédit d’impôt (qui va être transformé en prime), prêt à taux zéro, programmes ciblés… Cela part dans tous les sens, avec des objectifs mal définis, disparates. Certaines aides sont bien pensées, comme le programme "Habiter Mieux", qui a des exigences en terme d’économies d’énergies, mais d’autres pas du tout : elles coûtent cher tout en manquant leur cible. En réalité, les aides couvrent en moyenne 17% seulement des dépenses de rénovation énergétique, selon l’Observatoire permanent du logement. Et les Français les plus modestes, les locataires notamment, ne peuvent pas se permettre de faire rénover leur habitation : car cela ne coûte pas 1 euro, mais au minimum 1.700, selon les calculs de l'Ademe. Un reste à charge d’environ 20%, encore très élevé. Certains acteurs militent pour passer des incitations à l’obligation, en imposant des travaux pour la vente d’un logement, par exemple. Mais c’est un pas que n’ose pas encore franchir Nicolas Hulot.