Axel de Tarlé, Géraldine Woessner et Sophie Larmoyer font le point sur l'actualité du jour.
Axel de Tarlé, expert économie
Bonne nouvelle pour la sécurité sociale, le déficit sera nettement plus faible que prévu d'après l'annonce Marisol Touraine.
L'équilibre des comptes est, même "à portée de main" selon la Ministre de la Santé !
C'est incroyable caron avait l'impression que les déficits de la Sécurité sociale étaient sans fin.
Petit rappel, la sécurité sociale c'est quatre branches pour le régime général : la santé, les retraites, la familles avec les allocations familiales et enfin, les accidents du travail.
Pour faire simple, il y avait deux branches qui posaient problème à savoir la retraite et la santé.
La retraite ne pose désormais plus problème. On ne le dit pas assez, mais notre régime général de retraite est aujourd'hui, à l'équilibre.
On attend même un excédent alors que l'on comptait un déficit de plus de huit milliards en 2010.
Que s'est-il passé ? Justement, la réforme des retraites de 2010, d'Éric Woerth avec l'âge légal porté à 62 ans, a permis de rétablir les comptes. Même si dans ce calcul, on ne tient pas compte des retraites des chômeurs qui coûtent pas loin de quatre milliards.
Et la branche "Santé" ? Elle va mieux ?
Elle reste le seul problème mais, ça va moins mal qu'en 2010 où elle comptait 12 milliards.
Cette année, on attend 5,2 milliards même si, Marisol Tourraine nous dit que "ça va mieux" et que ce sera moins de cinq milliards
Là, on ne peut pas miser sur une réforme miracle comme pour les retraites mais sur une accumulation de petites mesures. On agit notamment sur le prix des médicaments, sur les génériques, on contrôle mieux les arrêts de travail, les abus de transports sanitaires, on raccourcit également les séjours à l'hôpital.
Le résultat est sans appel, les dépenses de santé ne progressent que de 1,7%, un chiffre historiquement bas.
C'est donc la preuve que l'on peut agir et que la réforme et la chasse au gaspillage permettent d'obtenir des résultats avec en ligne de mire, l'équilibre de la sécurité sociale.
Sophie Larmoyer, experte international
Est-ce que tout est possible en Corée du Nord ? On se pose la question en découvrant l’histoire de ce jeune Américain disparu en 2004 alors qu’il voyageait en Chine. On le disait mort, victime d’un accident de randonnée, mais son corps n’avait jamais été retrouvé et depuis deux jours c’est une toute autre histoire qui circule.
David Sneddon, c’est son nom, serait vivant, marié et père de deux enfants. Il vivrait en Corée du Nord. C’est Yahoo News Japan qui affirme qu’il a été vu là-bas. Une de leurs sources prétend que l’étudiant a été enlevé il y a 12 ans par les services secrets nord-coréens pour devenir à l’époque le tuteur, le prof d’anglais de Kim-Jong Un, qui a succédé depuis à son père comme dictateur.
Abracadabrantesque, on dirait un film. Est-ce que c’est réellement crédible ?
La famille, en tous cas, croit à l’hypothèse de l’enlèvement. C’est vrai que dans les années 70-80, Pyongyang l’a reconnu, des Japonais avaient été enlevés pour former les espions nord-coréens à la langue et aux coutumes japonaises.
Mais quand vous parlez à des gens qui connaissent bien la Corée aujourd’hui, ils vous disent qu’ils ne croient pas à cette version romanesque de l’étudiant kidnappé pour être le prof d’anglais du futur dictateur. Notamment parce que des profs anglo-saxons, attirés par la Corée du Nord, et qui enseignent à Pyongyang, il y en a plein.
En revanche que David Sneddon soit vivant et qu’il ait été vu dans la capitale nord-coréenne, c’est possible. Comment serait-il arrivé là ? Enlèvement, histoire d’amour ou fascination pour le pays, on peut tout imaginer.
C’est toujours compliqué de démêler le vrai du faux, en Corée du Nord.
C’est le propre de ce régime, le plus fermé du monde. On peut raconter tout et n’importe quoi, que le ministre de la Défense, qui avait piqué du nez pendant un défilé, a été exécuté "à la batterie anti-aérienne" carrément. Ou encore raconter qu’un oncle et ancien mentor de Kim-Jong Un, accusé de complot, a été jeté en pâture, vivant, à 120 chiens affamés. Vous vous souvenez de ces histoires, elles sont récentes et quasiment impossibles à vérifier.
Et tout ça entretient le fantasme, construit l’image d’un dirigeant monstrueux et prêt à tout.
Soyons clairs : les purges sont bien réelles, Kim-Jong Un est un tyran. Mais les véritables sources sur la Corée du Nord sont très rares et on est souvent prêts à croire ces histoires à dormir debout en employant le conditionnel et en se disant "et si c’était vrai".
Géraldine Woessner pour le Vrai faux de l'info
Le candidat du Made in France, Arnaud Montebourg, ancien ministre du redressement productif, porté par la vague anti-hollande, a salué hier le courage d’un autre démissionnaire, Emmanuel Macron, tout en cherchant à s’en démarquer avec notamment, cette proposition choc.
"Moi je pense que les 80 milliards, 100 milliards de marchés publics, aujourd’hui qui partent, nous n’en avons que 20% pour les PME alors qu’en Allemagne c’est 50%, je propose que progressivement nous arrivions à 80%".
20% des marchés publics confiés aux PME, c’est vrai ou c’est faux ?
C’est faux. C’est davantage car selon la commission européenne, les PME ont capté 31% du montant total des marchés publics en France entre 2009 et 2011. C’est un peu plus que la moyenne européenne à 29%, mais, c’est vrai que c’est très en-deçà de l’Allemagne, où les PME s’arrogent bien la moitié de ce marché.
31% donc. En fait Arnaud Montebourg a retenu le chiffre des seules commandes d’État, alors qu’il y a aussi celles des collectivités locales, des opérateurs de réseaux publics (pour fournir le gaz ou l’électricité). Bref, le tout pour un montant global de commandes qui ne serait pas de 80, ni même de 100 milliards d’euros par an mais plutôt de 200 milliards, selon l’Insee, 316 selon Eurostat, et jusqu’à 400 milliards d’après les sénateurs qui se sont penchés sur le sujet.
Vous voulez dire qu’on ne sait pas, précisément, ce que l’on dépense ?
Eh non. Le montant cité par Montebourg est celui de l’Observatoire des Achats publics, chargé de recenser les marchés mais il en exclue plein. Comme les contrats de moins de 90.000 euros, or il y en a des centaines de milliers, certains types de dépenses comme les achats de combustibles, ce qui concerne la défense, sans compter les achats qui ne sont pas soumis au droit de la commande publique ou encore la sous-traitance, dont on ne sait rien. Les lacunes de la collecte statistique sont énormes, et ça n’aide pas du tout à prendre des décisions.
Est-ce que cela veut dire que les propositions d’Arnaud Montebourg sont à côté de la plaque ?
Pas non plus parce que les ordres de grandeur qu’il donne sont les bons. Les PME en France, c’est 44% de la richesse produite. Elles sont clairement sous-représentées sur les marchés publics, par rapport à leur poids réel dans l’économie. On peut comparer quand même avec l’Allemagne car on a quatre fois plus d’organismes qui peuvent passer des contrats, pas d’achats groupés, des procédures plus complexes et plus longues. Monsieur Montebourg a donc de bonnes idées, mais il ne peut pas affirmer comme il l’a fait hier que lui, quand il était ministre a fait bouger les lignes. Personne n’est capable aujourd’hui de comparer l’accès des PME aux marchés publics d’une année sur l’autre.