Colombie, un accord de paix signé avec les Farc et Henri de Castries pourrait devenir le prochain patron d’HSBC : les experts d'Europe 1 vous informent

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SAISON 2016 - 2017

Axel de Tarlé, Géraldine Woessner et Sophie Larmoyer font le point sur l'actualité du jour.

 

Sophie Larmoyer, experte international

Ce sera un moment historique, aujourd’hui en Colombie, dans la ville portuaire de Carthagène, pour la signature d’un Accord de paix entre l’État colombien et les FARC, la plus importante guérilla du pays. Cet accord marque la fin de 52 ans de conflit armé.

Effectivement, la majorité des Colombiens n’a jamais connu le pays en paix. La semaine dernière, ils ont pu assister, par médias interposés, à cette surréaliste "Conférence nationale" des FARC, la première autorisée. Un grand rassemblement de 300 guérilleros, délégués des différents groupes, venus valider l’accord, avec enthousiasme. Il faut imaginer une grande plaine, dans le sud-est du pays, à cinq heures de piste de la première ville. Une plaine viabilisée, avec des écrans géants, une scène musicale, des tentes de restaurant et une tente de presse pour une ambiance "festival".
Les délégués des FARC ont donc approuvé leur démobilisation et la transformation du mouvement en parti politique. C’est vraiment une page qui se tourne, après quatre ans de négociations qui se sont déroulées à la Havane. Aujourd’hui une quinzaine de chefs d’État est attendue pour assister à la signature de l’accord.

Que prévoit cet accord ?

Il contient 297 pages et prévoit donc beaucoup de choses.
Mais d’abord, les FARC déposent les armes et ce processus commence dès demain. Une mission de l’ONU est chargée de superviser le désarmement. Les guérilleros ont six mois pour revenir à la vie civile. Il est d'ailleurs prévu, pendant deux ans, des aides sociales pour les aider.

Les Farc deviennent donc un parti politique ?

Elles ont toujours eu une dimension politique puisque c’est un mouvement marxiste, issue d’une insurrection paysanne. Désormais finie l’insurrection, il ne reste que la politique et l’accord prévoit que quel que soit leur succès dans les urnes aux futures élections, les Farc démobilisés auront cinq sièges de députés et cinq sièges de sénateurs assurés pendant deux mandats, soit deux fois quatre ans, pour être sûr qu’ils entrent dans la vie politique colombienne.

On pourrait avoir l’impression que tout ça est facile, qu’il suffit de tourner la page mais enfin ces 52 ans ont été d’une grande violence pour la population.

C’est vrai et pas question de paix sans prise en compte des victimes. On estime que ce conflit a fait plus de 220.000 morts, 25.000 disparus au moins et quelque sept millions de déplacés pour beaucoup des paysans, chassés par les combats.
Et donc il y a un processus de "réparation administrative des victimes", qui a commencé il y a cinq ans. Des conseils départementaux de victimes élus dans tout le pays. L’accord prévoit de s’occuper de ces "régions oubliées" pendant le conflit y faire venir l’éducation, les services de santé ou une aide technique pour les agriculteurs. Comme pour les Farc, des sièges sont réservés au Parlement, pour deux mandats, afin que ces populations "oubliées" soient représentées.

Les Colombiens vont se prononcer par referendum dimanche prochain ?

Oui ce sera l’ultime étape de validation de cet accord de paix et à ce jour, les sondages mettent le "oui" devant.

 

Axel de Tarlé, expert économie

La France demande à la Suisse de lui fournir les noms des propriétaires de 45.000 comptes bancaires secrets mais la Suisse traine les pieds.

Pourtant, l'échange automatique d'information avec la Suisse existe désormais ?

Oui, mais ce sont là des comptes anciens qui remontent à 2006 et 2008, or l'échange automatique n'existe que pour les comptes ouverts après 2013 ou 2010 mais sous certaines conditions.
Donc, ces 45.000 comptes secrets échappent à l'échange automatique
Il n’empêche que les autorités suisses pourraient jouer le jeu et permettre l'identification de ces comptes pour voir s'il n'y pas fraude.

Mais, il y a un deuxième problème, ce listing de 45.000 comptes a une origine douteuse.
En fait, il vient d'Allemagne. Les Allemands ont récupéré, lors d'une perquisition, un vaste fichier de comptes de la banque UBS avec des comptes anonymes, numérotés et de toute nationalité.
Les comptes qui se terminent par le N°111 indique nationalité française et confraternellement, le Fisc Allemand a transmis à Bercy ces 45.000 comptes.
Mais, les avocats suisses multiplient les recours contre ce transfert d'information, estimant que l'origine de ce fichier n'est pas nette; et qu'il s'agit peut-être d'un fichier volé. Dans quel cas, la demande pourra être rejetée.

C'est quand même la fin de l'exil fiscal !

Pour la Suisse, c'est fini. Maintenant, il faut aller très loin notamment aux Bahamas, c'est beaucoup plus compliqué et vous n’êtes jamais tranquille.
Sur ces 45.000 comptes secrets en Suisse, les fonctionnaires de Bercy, en recoupant certaines informations, ont réussi identifier près de 5.000 comptes.
5.000 personnes qui pourraient donc devoir payer de façon rétroactive l’impôt sur le Revenu, et l’impôt sur la fortune plus évidemment les pénalités.

L'an dernier, les régularisations fiscales ont ainsi rapporté 2,5 milliards d'euros au budget de l'État.

 

Géraldine Woessner pour le Vrai faux de l'info

Marisol Touraine dans le radar du Vrai faux de l’info.

La ministre de la Santé qui a décidément une façon bien à elle de présenter le bilan de la Sécurité Sociale dont elle affirme que le déficit sera bientôt comblé même si la branche maladie reste dans le rouge. Elle voyait hier une bonne raison de se réjouir sur France 3.

Marisol Touraine : "En 2011, ce que les Français devaient payer de leur poche pour leur santé était plus élevé que ce qu'ils paient aujourd'hui : 1,5 milliard pour l'ensemble des Français. Elle prend en pourcentage, pas en valeur".

Les Français paient de leur poche 1,5 milliard de moins pour leur santé qu’en 2011, c’est vrai ou c’est faux ?

C’est évidemment faux mais, on est là devant un modèle de manipulation politique, d’une donnée qui est correcte. Marisol Touraine parle du reste à charge, de ce que paient les patients de leur poche quand ils vont chez le médecin, cette part qui n’est pas remboursée. Comme elle a rendu quasiment obligatoire les complémentaires santé, mathématiquement, cette contribution baisse en pourcentage. Le reste à charge payé par les patients représentait 9,3% du total des dépenses en 2011 on en est désormais à 8,4% en 2015. C’est ce point de différence que la ministre évalue à 1,5 milliard. Mais après avoir fait le calcul en argent, comme les dépenses de santé ont augmenté sur la même période, le montant n’a pas baissé bien au contraire. Le reste à charge a augmenté, très faiblement c’est vrai, de 144 millions.

Cela ne représente qu’une partie des dépenses de santé.

Évidemment. Madame Touraine oublie un peu vite que les Français paient infiniment plus de leur poche puisque la santé, ce sont leurs impôts qui la paient. Les cotisations sur les salaires, la CSG, une foule de taxes, sur les tabacs ou les voitures. On a tenté de calculer ce qui sort réellement de leur poche en retenant le chiffre qu’utilise l’OCDE, celui des dépenses courantes de santé. Dans ces dépenses, il y a tout, les soins, l’hôpital, mais aussi les arrêts maladie ou les congés maternité soit 262 milliards en 2015. Si l’on enlève la part payée par le privé, le fameux reste à charge ou les mutuelles, il reste quand même plus de 207 milliards qui ne viennent que de l’impôt, soit 3.019 euros par an et par habitant, et même 4.000 euros si l’on ne prend en compte que les plus de 18 ans, ceux qui travaillent, paient des impôts. En 2011, c’était 275 euros de moins. Donc oui, la part de ce que les Français paient de leur poche augmente. La seule chose qui diminue peut-être, avec la part croissante des mutuelles dans le dispositif, c’est l’égalité dans l’accès aux soins.