L'avenir d'iTtélé, la déclaration choc du patron du MI5 sur la Russie : les Experts d’Europe 1 vous informent

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SAISON 2016 - 2017

Axel de Tarlé et Sophie Larmoyer font le point sur l'actualité du jour.

>> Quel avenir pour iTélé ?

Par Axel de Tarlé, expert en économie

La chaîne du Groupe Canal Plus est entrée dans sa troisième semaine de grève, ce qui représente un gros manque à gagner pour la en terme de recettes publicitaires. Il y a eu 16 jours de grève. 16 jours, ça représente l'équivalent d'1,5 million d'euros de recettes publicitaires.

C'est à la fois beaucoup pour une chaîne qui perd déjà 25 millions par an. Et c'est peu, à l'aune d'un groupe comme Vivendi qui pèse 10 milliards d'euros de chiffres d'affaires.

Quant au devenir de la chaîne, Vincent Bolloré veut faire évoluer la ligne éditoriale. Il y a en France quatre chaines d'informations pure - hard news - (BFM, LCI, FranceInfo, iTélé) c'est trop. Aux Etats-Unis, pays cinq fois plus peuplé, il existe 3  chaînes d'info. (CNN, FOX, MsnBC)

Vers du divertissement. L'idée, c'est de faire évoluer la chaîne vers le divertissement : le sport, le cinéma,le tout dans une logique de groupe. C'est-à-dire qu'iTélé pourrait par exemple faire un reportage sur un artiste Universal, Universal qui appartient au groupe Vivendi. En tout les cas, il y aura moins de hard news, moins de politique, source d'ennuis.

Cette évolution vers le divertissement est contestée par les journalistes qui sont en grève mais aussi - ça c'est une surprise - par les annonceurs. Nombre d'entre eux ont refusé de passer de la pub, pendant l’émission de Jean-Marc Morandini. C'est problématique. On ne voit pas le bout du tunnel.

On peut aussi mettre en avant l'hypothèse d'une vente. On dit que  Mathieu Pigasse serait intéressé. C'est sûr qu'aujourd'hui iTélé est une source de perte. Vincent Bolloré n'aime pas ça. C'est problématique envers avec les journalistes et le gouvernement et notamment Audrey Azoulay, mini de la Communication, et le CSA. Donc, oui, peut-etre qu'iTélé finira par être vendue.

Reste la question de la valeur de la chaîne. Elle vaut grâce à sa fréquence TNT, l'autorisation d’émettre partout en France. C'est précieux. Pour se faire une idée, La chaîne Numéro 23 (Pascal Houzelot) a été vendue l'an dernier 90 millions d'euros parce qu'elle avait une autorisation d’émettre sur la TNT. C'est un ordre de grandeur : une centaine de millions d'euros.  

 

>> Quand le patron du MI5 parle

Par Sophie Larmoyer, expert international

Le quotidien britannique The Guardian a publié hier une interview qui fait des vagues : le chef du MI5, le service de renseignement britannique, Andrew Parker, estime que les méthodes employées par la Russie dans le monde pour imposer sa politique sont "de plus en plus agressives".

Des déclarations très inhabituelles pour un patron de services secrets ! D’autant plus que le Guardian souligne que c’est la 1ère fois qu’un chef du renseignement en exercice donne une interview à un journal en 107 ans d’histoire du MI5 !

"Le job du MI5" : barrer la route de la Russie. De quoi donner encore plus de poids à ses accusations. Andrew Parker évoque ouvertement comme un danger, l’action secrète, clandestine, de la Russie. Elle serait à l’œuvre aujourd’hui dans toute l'Europe, et au Royaume-Uni. "Le job du MI5, dit-il, c’est de lui barrer la route".

Parmi les méthodes utilisées par Moscou, il cite "des moyens militaires, la propagande, l'espionnage, la subversion" et surtout les cyber-attaques, redoutable nouveauté par rapport au temps de la guerre froide. Les cibles russes, ajoute Andrew Parker, comprennent des secrets militaires, des projets industriels, des informations économiques et la politique étrangère bien-sûr.

Ces accusations très frontales, il n'en donne pas les fondements. Vous imaginez bien qu’il ne donne pas d’exemple, ça reste quand même le patron des espions ! Mais on peut se rappeler de cette flotte de huit navires russes, en Mer du Nord il y a dix jours, qui a dû être surveillée par une frégate britannique.

On se souvient aussi de ces deux bombardiers russes qui avaient tourné au large des côtes bretonnes début octobre et qui avaient dû être raccompagnés par quatre Rafales français jusqu’en Espagne. Vous avez aussi le tout nouveau Centre culturel orthodoxe à Paris, dont certains diplomates français craignent sérieusement qu’il soit une base d’espionnage russe. Et puis le mois dernier, Washington accusait ouvertement Moscou d’essayer d’interférer dans la campagne électorale américaine. Tout cela, indéniablement, rentre dans le cadre des accusations du chef du renseignement anglais.

Ces déclarations ont fait réagir les Russes. « Accusations gratuites et infondées jusqu’à ce que quelqu’un prouve le contraire » : voilà ce qu’a déclaré mardi le porte-parole du Kremlin.

Quant à l’ambassade de Russie à Londres, elle a traité ça par l’ironie, en postant sur Twitter l’affiche d’une vieille comédie américaine de 66, dont le titre en français était Les Russes arrivent, les Russes arrivent ! avec cette simple phrase : "Tristes de voir un professionnel piégé dans son propre monde de propagande".