Axel de Tarlé, Géraldine Woessner et Sophie Larmoyer font le point sur l'actualité du jour.
Axel de Tarlé, expert économie
On commence à connaître la nouvelle équipe de Donald Trump qui va entrer à la Maison-Blanche en janvier prochain.
Visiblement, le nouveau président américain a du mal à respecter sa promesse de "nettoyer" Washington des lobbys et des "politiques corrompus".
Il s'apprête à faire entrer à la Maison-Blanche, les pires financiers de Wall Street, les patrons de fonds spéculatifs et autre fonds vautours.
Le Journal Le Monde a passé en revue les principaux postes à pourvoir.
Par exemple, celui de secrétaire au Trésor, l’équivalent du ministre des Finances en France. Steven Mnuchin, ancien de Goldman Sachs et propriétaire entre autre d'un établissement qui est le leader des saisies immobilières sur les personnes âgées, est très fortement pressenti.
Comme Ministre de l'Économie, c’est Wilbur Ross qui est pressenti. Surnommé le "roi de la faillite", il achète des entreprises a en difficultés avant de les démanteler ensuite, pour récupérer un maximum de cash.
En matière de lobby, ce n'est pas mieux. Comme Conseiller pour les questions énergétiques, Donald Trump a carrément pris un ancien lobbyiste du secteur du pétrole.
Bref, c'est dire, si on est loin de nettoyer Washington, des lobbys et des intérêts privés.
Pour sa défense : Donald Trump explique qu'il est très difficile de trouver des gens capable de travailler avec le gouvernement sans qu'ils aient des liens avec les Lobbys.
Pour rappel, on est à peine deux semaines après la victoire de Donald Trump.
On a donc là une parfaite illustration de la fameuse maxime : "les promesses n'engagent que ceux qui les écoutent".
Sophie Larmoyer, experte international
En Turquie, une proposition de loi en discussion actuellement au parlement turc provoque l’indignation, une proposition faite par l’AKP, le parti islamo conservateur au pouvoir. De quoi s’agit-il ?
Cette proposition de loi, qui est déjà passée en 1e lecture en fin de semaine dernière, permettrait de suspendre la condamnation d’un homme pour agression sexuelle sur mineur si l’auteur de cette agression épouse sa victime.
Dit comme ça, ça ressemble à la légalisation de viols !
C’est exactement ce que dénonce vigoureusement l’opposition, et des viols d’enfants qui plus est. Ça a provoqué beaucoup de réactions sur les réseaux sociaux, une pétition en ligne a reçu près d’un million de signatures pour que ce texte soit bloqué et des manifs spontanées ont eu lieu ce week-end.
Mais comment se justifie le pouvoir, quels arguments peut-il trouver ?
En fait le parti du président Erdogan essaye de légitimer les mariages précoces, ces mariages arrangés par les familles. C’est illégal avant 17 ans et pourtant encore très courant, notamment dans des régions reculées, dans l’Est du pays. Vous vous souvenez peut-être de ce très beau film, Mustang, qui racontait justement le destin de cinq sœurs, mariées les unes après les autres.
Donc le Premier ministre turc fait la démonstration suivante : certains ne connaissant pas la loi se marient avant l’âge légal, font des enfants et si le père va en prison, les enfants restent seuls avec la mère (la mère qui donc je vous le rappelle a moins de 17 ans). Et donc pour lever cette injustice, et protéger les enfants, dixit le Premier ministre, il faut régulariser le mariage.
Et l’agression sexuelle sur mineure dans tout ça, elle disparait ? Ça n’existe plus ?
Le ministre de la Justice a créé un nouveau concept : c’est "l’agression sexuelle sans contrainte". Voilà. C’est seulement dans ce cas-là, bien-sûr, que sa loi s’appliquerait. Le ministre ne dit pas comment on mesure la contrainte chez une jeune fille dont les parents ont arrangé le mariage, ça se passe de commentaire.
Devant le tollé provoqué par ce texte, le gouvernement s’est dit prêt à étudier les propositions de l’opposition. Voilà en tous cas un nouveau signe de la dérive ultra-conservatrice et religieuse du pouvoir turc aujourd’hui.
Géraldine Woessner pour le Vrai faux de l'info
Le Vrai faux de l’info avec l’un des lieutenants du vainqueur du premier tour de la primaire.
Bruno Retailleau, fidèle soutien de François Fillon, affirme avoir entendu, dans le vote de dimanche, l’angoisse des français. Contrairement à ce qu’affirme le gouvernement assure-t-il, qui a vu l’inversion de la courbe du chômage. La France est mal en point.
Bruno Retailleau : "La France aujourd'hui va mal. Sur le plan du chômage, nous sommes à la 21ème place sur 28".
La France est à la 21e place sur 28 en terme de chômage, c’est vrai ou c’est faux ?
C’est vrai et même pire. La 21e place c’était au mois de juin, depuis la France a glissé à la 22e place, avec un taux de chômage de 10,2% en septembre, selon les données que publie Eurostat. Depuis, il y a eu une légère amélioration, puis une rechute. Au troisième trimestre, le taux atteint en moyenne 10% au sens du BIT, le bureau international du travail.
Alors bien sûr, quelques pays vont plus mal comme l’Italie avec 11,7%, l’Espagne à 19,3% ou encore la Grèce évidemment, mais la situation de la France n’a jamais été pire depuis 20 ans. Et les entrées massives en contrats aidés ou en formation pour tenter de redresser la barre n’y changent pas grand-chose. Il y a aujourd’hui 200.000 chômeurs de plus en catégorie A, que lorsque Francois Hollande a pris le pouvoir, 1,3 million si l’on prend en compte toutes les catégories. Sans compter ce million et demi de personnes dans le halo autour du chômage, vous savez qui ne cherchent pas activement mais qui veulent travailler. Bref, c’est vrai, la France n’a pas la pêche, comme dit Alain Juppé.
Mais est-ce que les autres font mieux, réellement ?
Mieux, c’est une question de perspective, mais la particularité quand on regarde les courbes que publie Eurostat, pour tous les pays d’Europe, c’est la tendance. Elle est à la baisse du chômage, quasiment partout, sauf en France où il a continué d’augmenter depuis le pic de 2013. C’est simple, depuis cette date de septembre 2013, le chômage a baissé de plus de sept points en Espagne, 5,5 en Irlande, moins 2,7 points en Grande-Bretagne alors que la France, elle, n’a toujours pas retrouvé son niveau de mai 2012. Et surtout, cela ne s’améliore pas car elle ne crée pas d’emplois ou très peu. 38.000 emplois créés seulement depuis mai 2012, si on fait le solde des nouveaux jobs et de ceux qu’on a détruits. Dans la même période nos voisins en ont créé beaucoup plus avec notamment 2,2 millions pour la seule Angleterre. Il faut dire qu’eux ont réformé leur marché du travail mais aussi multiplié les emplois précaires. En Grande-Bretagne, les contrats zéro heure se sont beaucoup développé, des emplois sans horaires, ni salaire minimum. La France a fait un choix différent, celui de la protection et du filet social. Est-ce qu’elle s’en porte mieux ? À chacun de choisir.