Les familles américaines sont divisées à l'heure où les traditions devraient les rassembler.
Notre rendez-vous tous les dimanches matin "American Breakfast" avec notre correspondant aux Etats-Unis. On va commencer avec l’actualité du jour, la mort de Fidel Castro et les réactions chez vous, aux Etats-Unis…
C’est évidemment la Une de tous les journaux à paraître ce matin. Avec la même photo noir et blanc en couverture des deux tabloïds concurrents le New York Post et le Daily News : un Fidel jeune, regard dur, barbe encore noire, un filet de fumée s’échappant du coin de sa bouche. Le "fléau" de Cuba pour l’un, le tyran pour l’autre. Le sérieux New York Times le décrit, comme "Celui qui a apporté la Guerre Froide en Occident, mené le monde au bord de la guerre nucléaire, et tourmenté 11 présidents américains". Celui encore en poste, Barack Obama s’est montré mesuré dans son communiqué : "l’histoire jugera l’impact énorme de Fidel Castro", écrit un Barack Obama qui espère laisser en héritage le rapprochement historique qu’il a initié avec Cuba. On ne sait pas si son successeur continuera cette politique de dégel, mais Donald Trump, s’est montré lui beaucoup plus tranchant : "Fidel Castro était un dictateur brutal qui a opprimé son peuple".
Voilà pour Cuba… de quoi d’autre allez-vous nous parler ce matin ?
Alors je vais vous emmener au cirque Trump, dans le hall de son building à New York et puis on dressera un tableau assez sombre d’une Amérique divisée et traumatisée par l’élection.
Donald Trump a passé la fête de Thanksgiving dans sa propriété fastueuse de Floride, une pause en famille, après deux semaines consacrées à organiser son futur gouvernement, tout se passe dans une drôle d’ambiance à la Trump Tower à New York.
Ah oui, l’épicentre de la transition politique se trouve dans un hall de marbre et de dorures. Le rez-de-chaussée kitsch de la Trump Tower, ouvert au public, où l’on trouve un magasin Nike mais surtout le Trump bar, le Trump gril, ou le glacier Trump. C’est ici que défilent tous ceux qui viennent voir le nouveau patron de l’Amérique. Les candidats aux postes ministériels, notamment, qui viennent se poster devant les portes dorées des ascenseurs, direction le vingt-cinquième étage, et le bureau de Donald Trump. Derrière un cordon, les journalistes notent les allées et venues, tentent d’arracher un mot. Les touristes prennent des photos, comme Nicole, venue du Texas.
"C’est renversant de voir ça d’aussi près, c’est pas comme si on était à 30 mètres, on est en plein milieu. C’est excitant ! Tous mes amis sur Facebook disent "oh mon dieu ", ils sont surexcités parce que je suis là et je vois tout ce qu’il se passe."
Nicole a réussi à voir passer Rick Perry, son gouverneur. George Lombardi, lui a échangé quelques mots avec lui. George est un ami et voisin de Donald Trump, il habite ici, et observe le spectacle avec un peu plus de détachement.
Il n’y a finalement pas grand-chose à voir, alors Robert, le "Cowboy nu", vêtu juste d’un grand chapeau et d’une cape aux couleurs de l’Amérique vient distraire touristes et journalistes, avec un chant à la gloire de Donald Trump.
"C’est comme un cirque ici… la Trump tower c’est une attraction touristique maintenant… alors j’aime bien venir, mettre un peu d’ambiance. Regardez ça, c’est un palais présidentiel, et il l’avait avant même d’être président ! c’est vraiment admirable selon moi… je suis un grand fan de Trump."
Plus loin,un curieux prend en photo l’escalator, doré bien sûr et désormais historique : c’est la que Donald Trump apparu il y a un an et demi pour proclamer sa candidature, jugée à l’époque improbable.
On l’entend, la présidence Trump c’est un spectacle mais c’est aussi une source de tensions. L’Amérique reste très divisée.
Les Américains des deux camps ne se supportent plus. Il règne une atmosphère tellement exécrable que de nombreuses familles ont carrément annulé le rendez-vous presque obligatoire de Thanksgiving, de peur de s’envoyer des morceaux de la dinde par-dessus la table avec l’oncle trumpiste ou la cousine pro-Hillary. Les médias et les réseaux sociaux rapportent des incidents, des disputes verbales et physiques… A bord d’un avion, c’est même le pilote qui a dû intervenir au micro pour calmer des passagers…
"Nous allons être dans un tube de métal à 11 000 mètres d’altitude, ne parlez pas de politique, OK ! Si vous le soutenez, c’est très bien, si vous ne le soutenez pas, je comprends. Gardons nos opinions pour nous-même en particulier sur ce sujet en ce moment. Si quelqu’un a un problème avec ça, il y a un autre vol demain... j’espère que c’est clair !"
Même dans la bulle bobo de Brooklyn à New York, l’élection sème la discorde… Dans ce restaurant français, par exemple, où Jonas Léon, le gérant, a vu dégénérer une discussion entre un pro-Trump et un couple de femmes. Les incidents homophobes, racistes ou islamophobes se multiplient…. Plus de 700 depuis l’élection, selon une association anti-discrimination. Même dans une école primaire du Michigan, à la cantine, des élèves blancs ont chanté ce slogan anti-immigrés devant des camarades hispaniques. "Contruisons le mur", celui promis à la frontière mexicaine par Donald Trump.