Les Etats-Unis sont plus que jamais divisés par l'élection du prochain président.
Dans deux jours c'est le verdict de l'élection américaine. On va revenir avec vous, Xavier Yvon, sur les grands enjeux de cette campagne... parfois raz-des-pâquerettes !
Avec les envoyés spéciaux d'Europe 1, Sébastien Krebs et Walid Berrissoul, nous avons sillonné les villes et campagnes américaines. Je vous propose ce matin, de faire ce voyage avec nous depuis la frontière mexicaine jusqu'à l'Ohio désindustrialisé en passant par une église de l'Arkansas, pour comprendre cette Amérique en plein doute.
On va commencer avec le thème de campagne de Donald Trump : l'immigration.
Oui il répète le mot "wall" (mur) à chaque meeting. Il promet un mur de séparation avec le Mexique pour stopper l'immigration illégale. Nous sommes allés à la frontière pour constater que la réalité est un peu plus compliquée que les discours de Trump. Le "mur" existe déjà, c'est une barrière de métal de 5 mètres de haut qui sépare Los Palomas de Colombus. Un poste frontière permet de traverser, et ceux qui l'empruntent ne sont pas des "criminels" comme le proclame Trump, mais des centaines d'enfants qui vont à l'école. Ils ont la nationalité américaine, mais leurs parents restent de l'autre côté du mur car ils sont Mexicains. Ils ont réussi à faire naître leurs enfants aux Etats-Unis puis sont repartis (volontairement ou expulsés). Du côté américain, c'est Philippe Skinner qui prend le relais : il est à la fois le maire de Colombus et chauffeur du bus scolaire !
Donald Trump a surtout réussi à "sur-mobiliser" la population latino, qui vote peu d'habitude, mais qui là a juré de le faire battre. En fait c'est plutôt loin de la frontière que le discours anti-migrant fait florès, dans la zone désindustrialisée de la "rust belt" (la ceinture du rouille). A Youngstown dans l'Ohio par exemple, des usines abandonnées, une population divisée par trois... ceux qui restent sont les déclassés du rêve américain. Ces ouvriers traditionnellement Démocrates sont tentés par le vote Trump.
A Youngstown le parti démocrate local a compté plus de 6 000 défections vers le camp républicain, le jour où le milliardaire Trump s'est lancé dans la campagne.
Donald Trump a donc bousculé la politique américaine ! Il divise cependant dans le camp républicain...
Avec ses propos obscènes, ses insultes et ses trois mariages... Donald Trump n'est pas vraiment le conservateur traditionnel. Sa personnalité heurte, entre autres, l'électorat religieux. Dans les églises de l'Arkansas par exemple, les fidèles sont un peu perdus. Certains voteront Trump en se bouchant le nez - car Clinton soutient l'avortement - mais pour d'autres, le vote Trump est incompatible avec la Bible.
Combien d'évangélistes vont-ils s'abstenir ? D'ordinaire, ils sont 80% à voter pour les Républicains.
Côté Clinton c'est l'électorat noir qui semble avoir du mal à se mobiliser ?
Dans les villes meurtries par des bavures policières, comme à Ferguson dans le Missouri, les parents noirs apprennent désormais à leurs enfants comment se comporter s'ils sont contrôlés par des policiers. "Pas de mouvement brusque" ; "bien montrer qu'on a rien dans les mains" ; "le but c'est de rentrer en vie à la maison". Cette situation n'a pas pu être améliorée par Barack Obama, que pourra donc faire Hillary Clinton ? Mais avec Trump, pense cet électorat, ce sera pire...
Pas beaucoup d'enthousiasme... il faut dire que les deux candidats sont les plus impopulaires de l'Histoire des Etats-Unis !
60 % d'opinion défavorable pour l'un comme pour l'autre en moyenne ! Ce "manque de passion" est particulièrement frappant chez les "Millennials" (génération Y), ces jeunes nés avec l'information et la culture sur Internet. 8 Américains sur 10 se disent dégoûtés par cette élection, qui se résumerait à choisir "le moins pire des deux".