Anne Cazaubon juge que le développement personnel devrait s'apprendre dès le plus jeune âge afin d'éviter de devenir, ensuite, un adulte torturé.
Dans le domaine du développement personnel, vous en connaissez un rayon. Vous cheminez sur cette voie depuis plus de 15 ans. Mais vous ne vous arrêtez pas là !
L’échelle est haute, mais je grimpe ! Oui, aux grands maux, les grands remèdes ! Quand je vois l’état des adultes fracassés par l’enfance, puis la vie ou l’entreprise, que nous sommes parfois, je me dis qu’on pourrait baliser un peu le terrain, avant de se prendre les vagues en pleine figure, que l’on pourrait refaire les joints de la salle de bain, avant d’ouvrir les vannes. Bref cette métaphore subtile (et de plomberie) pour vous dire que franchement, si ça ne tenait qu’à moi, je ferais tout pour créer un ministère du Développement personnel !
Oui, c’est la main sur le cœur, que je prêterais serment et que je saupoudrerais les emplois du temps de nos enfants de séances de respiration et/ou de méditation, pour leur faire prendre conscience des bienfaits d’une respiration pleine et ample sur le cerveau, mais aussi sur le stress, sur l’anxiété. Pour leur apprendre également à refroidir leur corps après un effort intensif, grâce à la respiration, pour revenir à un temps calme. En classe, il y aurait évidemment des ateliers de communication non-violente, parce que très tôt, tout en apprenant à écrire et à lire, les enfants apprendraient à bien utiliser ces mots qu’ils savent désormais orthographier. Oui, tout de suite, ils apprendraient que les mots sont des armes, de véritables poignards parfois, qu’une petite phrase assassine dans une cour d’école peut laisser des séquelles pendant des années. Et que ces mots ont un poids immense dans le bon, comme dans le mauvais sens, qu’ils sont aussi acteurs dans ce qui m’arrive, que "tout ce que je dis" se manifeste dans ma vie, que je suis "prophète en mon royaume" quelque part, que sans même m’en rendre compte, j’annonce l’avenir. Sauf qu’à bien y regarder, en fait, je le crée !
Et quitte à aller un peu plus loin, on pourrait remonter juste avant le verbe, juste avant la parole. Remonter jusqu’à nos pensées pour s’attaquer non pas à des sujets tels que les triangles isocèles, ni à la reproduction chez les batraciens, mais à quelque chose qui nous accompagnera toute notre vie. "Notre petit vélo intérieur", celui qui mouline en danseuse, qui se fait un petit Tour de France en permanence là-haut. Expliquer aux enfants que nos pensées ont une incidence sur notre réalité, qu’elles conditionnent nos actions, que si je me répète que je ne vais pas y arriver, vous allez voir, oh surprise, que vous n’allez pas y arriver.
Qu’est-ce qu’on pourrait insuffler d’autre, dès le plus jeune âge ?
Ce que j’affectionne par-dessus tout en développement personnel, c’est la visualisation créatrice. Je vous en parle souvent, c’est un outil puissant pour qui veut bien l’instaurer dans sa vie, en mettant toutes les chances de son côté, c’est-à-dire en y croyant dur comme fer. En visualisant votre vie rêvée, cette liste des candidats reçus à cet examen sur laquelle figure votre nom, ce contrat de vente de la maison de vos rêves au pied duquel vous visualisez votre signature, ça marche aussi pour les petits, pour apaiser des angoisses d’école. Je visualise la maîtresse qui m’accueille, mes amis qui viennent à ma rencontre quand j’arrive, je me vois levant la main pour demander plus d’information parce que je n’ai pas compris le problème et on me répond, on m’accompagne.
Oui, dans mon programme, il y aurait tout cela, plus bien sûr, un exercice de gratitude avant de quitter la classe tous les soirs, pour exprimer les trois meilleurs moments de la journée. Ce dessin que j’ai aimé colorier, cette histoire que le maître nous a lue ou ces frites à la cantine qui étaient vraiment délicieuses. Oui, si le développement personnel est en tel essor aujourd’hui (et c’est rien à côté de ce que ça sera dans quelques années, il n’y a qu’à regarder du côté des Etats-Unis), c’est aussi parce que plus jeune, on est nombreux à avoir manqué de ces outils qui nous auraient aidé à gagner en confiance en soi, en la vie, et en l’autre.