Anne Cazaubon nous explique pourquoi il est dangereux de remettre sa valeur dans les mains de l'autre, au sein d'une relation amoureuse.
Aujourd’hui, Anne, vous vous adressez aux célibataires.
Oui, même si je préfère le terme "libres" que célibataire, qui d’ailleurs est plutôt un statut qu’autre chose. À tous ceux donc, qui sont libres mais qui ne le vivent pas encore très bien ! Certes si je ne choisis que de regarder les couples, avec envie de me complaire dans la plainte de ruminer, je peux être tentée de me dire qu’au fond, je n’ai pas vraiment de valeur, puisque je ne suis pas en couple : ça, c’est la voie subie, "je subis ma vie", et j’attends que la solution vienne de l’extérieur, j’attends de me sentir "choisie" par l’élu. Et si en plus il descend d’un arc-en-ciel juché sur une licorne, la petite histoire que je me raconte toute seule à l’intérieur prendra enfin vie.
Et oui, parce que quand je remets ma valeur dans les mains de l’autre (le partenaire, la société, mon patron…), je perds littéralement mon pouvoir. C’est ainsi qu’à force de chercher une validation dans le regard de mon supérieur hiérarchique, de chercher un assentiment chez mon amie, une approbation chez mes parents sur les choix que je fais, je distribue à droite à gauche toutes ces petites parties de moi, qui constitue l’estime de soi, toutes ces pièces d’un puzzle que je sème aux 4 vents. Et en amour, tout particulièrement, si je ne m’aime pas trop, pas vraiment, pas entièrement, d’aller chercher ce regard que j’aimerais poser sur moi-même, dans les yeux du partenaire.
Et c’est là qu’on ouvre la porte en grand à toutes les relations toxiques, aux fameux "PN", le pervers narcissique, que l’on nous sert à toutes les sauces, mais surtout, on place l’Autre dans un fauteuil qu’il n’a jamais demandé celui de juge en lui filant le marteau pour qu’il nous livre sa sentence ou qu’il écrive sur un petit bout de carton notre prénom, comme dans Koh Lanta, pour nous faire quitter l’aventure.
Oui, si je ne reconnais pas d’abord ma propre valeur, la femme subtile et intelligente que je suis, l’homme valeureux et généreux que je suis, si je décide de filer les clés de mon estime personnelle, à mon partenaire sans même lui passer le manuel d’entretien ou de mise en route, parce que je ne le connais pas moi-même, alors, pour à nouveau, ne pas regarder les choses en face, bah, je vais tout simplement lui faire porter le chapeau.
Et ça, vous pourrez hurler tout ce que vous voudrez, ça n’est pas chez l’autre que l’on trouve sa propre valeur. Ca n’est pas dans les bras de cet homme, ou dans le regard que pose cette femme sur vous. Non, sa propre valeur, c’est d’abord en soi qu’on la trouve, pour ensuite rencontrer le partenaire qui aura vu justement cette valeur inestimable que vous avez. Parce qu’à bien y regarder, je vous jure, que chacun d’entre nous, sommes de fabuleux et unique diamants brut !