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Un groupe de sénateurs de tous bords ont rendu hier mercredi les conclusions d'une mission sur "l'antisémitisme dans l'enseignement supérieur", lancée fin mars, après des incidents survenus lors de l'occupation d'un amphithéâtre de Sciences Po Paris. Conclusions alarmantes.
Une soixantaine d’auditions, dont celles des présidents d’universités, des associations étudiantes. Les rapporteurs en ressortent alarmés de la résurgence de l’antisémitisme, au sein de l'université française. Depuis les attaques terroristes du 7 octobre 2023 en Israel, une forte augmentation des actes et propos antisémites a été enregistrée dans les universités. 67 actes recensés en 8 mois, le double de ceux enregistrés sur l’ensemble de l’année universitaire 2022-2023.
Des chiffres sans doute sous-estimés.
“Si le nombre des actes antisémites recensés par les universités reste faible en valeur absolue, le phénomène ne saurait pour autant être considéré comme résiduel”, écrivent les sénateurs, reprenant le mot polémique de Jean-Luc Mélenchon.
Les actes antisémites sont très largement sous-déclarés, selon eux. Parce que c’est sournois, parce que les étudiants juifs ont peur, ou ne sont pas crus. “Ces difficultés sont symptomatiques d’un climat d’antisémitisme révélé par les événements du 7 octobre qui se traduit par des actes et propos diffus, difficiles à rattacher aux catégories juridiques traditionnelles. Cet intolérable climat général conduit nombre d’étudiants juifs à redouter et à éviter la fréquentation des campus" écrivent les sénateurs. Antisémitisme d’atmosphère.
Ce qui change, c’est la nature politique de cet antisémitisme.
Les sénateurs expliquent qu’il y a toujours un fonds d’agissements isolés et sporadiques qui n’ont jamais totalement cessé et qui sont le fait de sympathisants de l’ultradroite. Mais la réactivation de l’antisémitisme s’inscrit depuis plusieurs mois dans une dynamique collective extrêmement inquiétante, attisée par une idéologie relevant désormais également de l’extrême-gauche de l’échiquier politique. Voilà chacun devant ses responsabilités. L’antisémitisme d’extrême gauche est un fait, pas une invention.
Des préconisations ?
Plusieurs dispositifs de sensibilisation, de formation des acteurs. Mais surtout, la fin d’une forme de naïveté. Il faut sévir : préciser dans la loi les obligations des établissements en matière de détection des actes antisémites, Adapter les ressources juridiques aux nouvelles formes prises par l’expression antisémite, notamment lors des récentes mobilisations au sujet de la situation à Gaza. Et enfin, pousser la sanction. Élargir la liste des faits permettant aux établissements de prononcer des sanctions disciplinaires et renforcer les liens avec les parquets locaux, pour que la justice puisse dire stop.