3:20
  • Copié

Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.

Faut-il payer ses amendes ? La France, en tous cas, a décidé qu’elle ne paierait pas celle que l’Europe veut lui infliger pour n’avoir pas atteint ses objectifs sur les énergies renouvelables, en 2020.

500 millions d’euros. La ministre de Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher a écrit en octobre au commissaire européen à l’énergie  pour lui dire que la France n’avait pas l’intention de payer une telle somme. C’est ce que révélait hier le journal le Monde.

Pourquoi la France est-elle punie ?

En 2009, alors que Nicolas Sarkozy était président, la France s’était engagée à atteindre le seuil de 23 % d’énergies renouvelables (éolien, solaire, hydraulique…) dans sa consommation finale brute énergétique, d’ici à 2020. Cela voulait dire plus que doubler la part dans le mix.  Un objectif vraiment ambitieux et contraignant. Avec seulement 19,1 % d’énergie dans le mix, la cible a été manquée.

Quels sont les arguments que la France avance pour ne pas avoir à payer ?

Ils sont crédibles, et vraiment, ils s’entendent.  La France fait valoir qu’elle n’a pas renoncé à l’objectif. Elle a  beaucoup accéléré le rythme entre 2012 et 2022, elle va plus vite plus que la moyenne européenne.  Les renouvelables doivent toujours remplacer les énergies fossiles qui subsistent dans notre mix de production électrique

-Car la France possède l’une des productions électriques les plus décarbonées d’Europe. Elle l’est à 96%, grâce au parc nucléaire et au nucléaire. Or, la décarbonation c’est le but final de toute cette transformation voulue par l’Europe. Se focaliser sur la part de renouvelables dans le mix, ça n’a pas de sens. Exemple désormais connu :  l' Allemagne. Les renouvelables  y représentent 52% production électrique mais on y crame gaz et charbon pour compléter. Le bilan carbone de l’électricité allemande est huit à dix fois supérieur au nôtre selon les jours.

« Il en résulte une situation paradoxale où la France est pointée du doigt » injustement, écrit Agnès Pannier-Runacher. Ca revient à punir un bon élève qui résout l’équation la plus compliquée en n’utilisant pas la bonne couleur d’encre.

Il y avait une alternative à l’amende.

Oui : la France pouvait l’atteindre artificiellement, comme l’ont fait la Belgique ou les Pays-Bas, en rachetant a posteriori des « volumes statistiques » d’énergies renouvelables à des Etats ayant dépassé leur propre objectif. Un jeu d’écriture hypocrite qui ne change rien à la production réelle en Europe. Le Gouvernement veut bien dépenser, mais ni pour des amendes ni pour du maquillage, seulement pour des projets de renouvelables

L’ambiance est en train de changer en Europe.

Oui, Agnès Pannier-Runacher a raison de se battre. Elle vient déjà de gagner un bras de fer important. Le Parlement européen a voté mardi l'inclusion du nucléaire parmi les technologies vertes. Des financements plus faciles, une production incluse au même titre que que les énergies renouvelables dans les technologies nettes zéro émissions.  Effectivement, l’amende européenne semble arriver totalement à contretemps.