Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.
Le Riz doré ne sera pas cultivé aux Philippines. La justice locale l’a décidé. Greenpeace a eu la peau de cette super céréale, qui pouvait pourtant sauver la santé de millions d’enfants. Il faut commencer par nous dire ce qu’est ce riz doré !
Le riz doré, c’est une plante OGM. Elle a été mis au point en 2004 par le groupe suisse Syngenta, qui en a cédé tous les brevets à des laboratoires de recherche publique, aux Philippines notamment. C’est important de comprendre ça : il n'est pas question de profits dans cette histoire.
À quoi il peut servir, ce fameux riz doré ?
A lutter contre les carences en vitamine A, notamment chez les femmes enceintes, qui sont endémiques dans ces pays du fait du manque de certains légumes frais, d’oeufs. Selon La FAO, 250 000 à 500 000 enfants dans le monde deviennent aveugles chaque année et la moitié d’entre eux meurent dans les douze mois, en raison d’un déficit de cette vitamineA. La carence augmente aussi la vulnérabilité aux maladies, aux infections respiratoires aux diarrhée, principales causes de décès chez les enfants des pays en développement.
Pour ces raisons, en 2016, 109 prix Nobel avaient signé une lettre ouverte à l’ONU l’exhortant de soutenir le développement du riz doré, le premier “ OGM humanitaire”.
Les Philippines avaient décidé de cultiver la céréale.
Oui, car 2,1 millions d'enfants philippins soufrent de carences en vitamine A, chiffre qui augmente. L'Institut philippin de recherche sur le riz (PRRI) et l'Université des Philippines Los Baños (UPLB) ont donc commencé à expérimenter et cultiver le riz doré, dans l’espoir de le généraliser. La plante avait obtenu un brevet de biosécurité.
C’était sans compter, donc, sur Greenpeace.
Greenpeace mène depuis des années une guerre contre les OGM en général et contre le riz doré en particulier. L’ONG, et des associations locales qu’elle cornaque, ont obtenu de la justice Philippine qu’elle en interdise la recherche et la culture. Décision rendue publique hier. Greenpeace refait le coup du “ principe de précaution”. Elle a plaidé “l’absence de «certitude scientifique totale » sur les effets du riz. Une certitude absolue impossible scientifiquement à démontrer, pour aucun produit. Mais la justice n’est pas la science.
Pourquoi Greenpeace veut-il éradiquer une céréale qui peut sauver tant de vies ?
Parce que la vie ne vaut pas grand-chose face à l’aveuglement idéologique. Un OGM libre de droit, qui peut sauver des vies, cela met à mal l’argumentaire construit depuis des années contre les OGM. Un récit bâti sur la peur, sur la dénonciation des multinationales cupides. Greenpeace préfère sacrifier des millions d’enfants plutôt que de voir émerger un OGM avec des effets positifs. C’est cynique et odieux. Mais Greenpeace base ses collectes de fonds sur l’antinucléarisme et l’opposition aux OGM. Il faut caresser les donateurs dans le sens du poil. Le ressort de tout ça... C’est l’âpreté au gain d’une organisation qui joue sa survie.