Kaboul-Paris, itinéraire d’une femme en danger

  • Copié

Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.

Le destin d’une femme afghane pourchassée, mais qui ne cesse pas de se battre. C’est l’histoire que vous nous racontez aujourd’hui.

Celle de Marzieh Hamidi. Elle a 22 ans, c’est une sportive de haut niveau, elle pratique le Taekwondo, elle est même membre de l’équipe de France. Marzieh Hamidi est une réfugiée, une rescapée. Elle a quitté son pays, l’Afghanistan il y a trois ans, en août 2021 quelques mois après la prise de pouvoir par les Talibans. Elle dénonçait sans relâche leurs agissements envers les femmes. Ce qui mettait évidemment sa vie en danger. Elle a donc dû partir. La France l’a accueillie.

Elle pensait trouver la paix et la liberté en France.

La liberté de vivre, d’aller tête nue, de pratiquer son sport, de s’exprimer sans crainte, oui. Mais depuis quelques jours, sa vie est un enfer, ici aussi. Précisément parce qu’elle ne se tait pas. Marzieh Hamidi n’a pas renoncé, en quittant l’Afghanistan, à dénoncer les exactions des obscurantistes au pouvoir à Kaboul. Elle continue, inlassablement sur son compte Instagram, dans les interviews qu’elle donne.

Il y a un peu plus d’une semaine, alors qu'une nouvelle loi talibane a interdit aux femmes toute expression sur la place publique, comme tout simplement de parler, elle a publié sur son compte Instagram un message. Ce message : « Combien de femmes doivent-elles être tuées par les talibans pour que le monde reconnaisse l’apartheid de genre comme un crime ? ».

Depuis,  elle affronte un déferlement de haine et de menaces.

Des milliers et des milliers de messages, mais aussi des appels téléphoniquesSon numéro de téléphone a visiblement été largement diffusé. Et ça ne s’arrête plus. Des menaces de viols, de sévices, de meurtre. On veut lui faire regretter de parler au nom des femmes afghanes. Des appels dit son avocate, en provenance de différents pays, d’Afghanistan, bien sûr, du Pakistan, d'Iran, ce qui ne surprendra personne, ces pays partageant des passions obscurantistes et une haine des femmes avec les Talibans..  mais aussi de France, d'Allemagne et de "beaucoup de pays européens". Une internationale de la haine et de l’appel au meurtre se déchaîne, qui a des succursales, ici, dans le pays ou Marzieh Hamidi pensait trouver la liberté

Marzieh Hamidi a dû porter plainte.

Elle est terrorisée, elle est sous protection policière, elle doit maintenant vivre cachée. "J'ai très peur, je n'ai pas quitté mon pays pour me retrouver dans une situation où je suis de nouveau en danger, mais c'est ce que je vis encore une fois", dit-elle Elle a cette phrase terrible : «C’est comme si les Talibans avaient pris le pouvoir sur ma vie ici aussi». 

Les chroniques des jours précédents