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Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.

Une alerte sur la survie du secteur automobile européen, lancée par un de ses meilleurs représentants. L’Union européenne est bien partie pour couler son industrie.

Cette alerte, c’est Luca de Meo, le patron de Renault et de l’association des constructeurs européens, qui l’a lancée, via une série d’interviews auprès de grands médias européen. Il prévient. Si l’Europe continue à se monter inflexible dans l’application de ses plans de décarbonation, elle met en danger l’industrie du continent. Je traduis : les règles de l’Union européennes sont en train de se retourner contre elle-même

Qu’est-ce qu’il veut dire par là ?

Il pointe du doigt la stratégie européenne de décarbonation du secteur automobile. Pas la volonté de sortir totalement du moteur thermique d’ici à 2035. Il met en cause l’inflexibilité des règles et les dates butoirs irréalistes.  Une règle doit entrer en vigueur l’an prochain, en 2025 : Pour être dans les clous de Bruxelles, l’industrie automobile consacrer 20 % de sa production aux voitures électriques ; si elle ne le fait pas, elle devra payer de lourdes amendes. On parle de 15 milliards d’euros !

Et l’industrie ne peut pas produire ces 20% de véhicules électriques, comme on le lui demande ?

Elle peut. Mais il n’y a pas assez de clients pour les acheter. Au mois août, les véhicules électriques ne représentaient que 12,5% du marché automobile européen. Les ventes ont baissé de 11% sur un an. Inflation, etc. Les estimations de production de 20% de voitures électriques sont surdimensionnées. Mais Bruxelles ne veut pas en tenir compte

Et l’industrie est face à un choix cornélien

Soit elle continue sur sa lancée de production, en sachant qu’elle ne vendra pas les 20% de voitures électriques qu’elle a fabriquées et elle paie les 15 milliards d’amende prévues par Bruxelles.  Soit elle renonce à produire 2,5 millions de voitures pour tenir la proportion de 20% de véhicules électriques dans le total des ventes. Comme le dit Luca de Meo pour éviter l’amende, “ si tu ne vends pas une voiture électrique, tu dois renoncer à produire 4 voitures ou véhicules utilitaires” pour compenser.

C’est intenable.

Oui, c’est intenable. Déjà, parce que ça va faire augmenter le prix de tous les véhicules. Moins on en produit, moins on fait d’économies d’échelle. Ca aura évidemment des conséquences terribles sur l’emploi dans le secteur automobile européen. Plus idiot encore : ça obère le futur de la voiture électrique européenne. Des constructeurs faibles auront moins de moyens pour se battre face à la concurrence

Une concurrence qui n’attend que ça.

Un véhicule non produit en Europe, c’est un véhicule importé. Les Chinois par exemple, se frottent les mains. L’Europe est prévenue. Avec son incapacité à remettre en cause des dogmes, elle envoie un secteur économique entier dans le mur. Et pire, elle appuie sur l’accélérateur.