Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.
Dans la campagne électorale, certains essaient de mettre en avant le thème des droits des animaux, notamment d’élevage. C’est un des sujets sur lesquels l’Europe a des compétences et peut poser des règles.
Le militant animaliste et journaliste Hugo Clément a interrogé les têtes de listes aux européennes sur ce sujet. Ce qui a donné lieu à des contradictions qui méritent qu’on s’y arrête.
Moment révélateur. Il y a donc des traditions, des us et des coutumes, qui doivent être interdites. La corrida par exemple, (c’est valable aussi pour la chasse). Et puis il y d’autres coutumes cruelles pour les animaux avec lesquelles il faut trouver un compromis... Par exemple, égorger le bétail sans étourdissement, ce qu’on appelle l’abattage rituel.
Autrement dit, transiger avec la coutume religieuse, même barbare, mais surtout pas composer avec la tradition culturelle, même si elle est d’ampleur bien moindre. Deux poids, deux mesures.
Ce deux poids deux mesures sur l’abattage rituel, il n’est pas l’apanage de LFI
C’est un sujet qui met tout le monde mal à l’aise. Les Gouvernements successifs, de droite comme de gauche, n’ont jamais voulu poser le débat sur la table. On ne sait même pas combien d’animaux sont concernés en France, les dernières estimations, faites par une commission d’enquête parlementaire ont 10 ans. Beaucoup d’abattoirs tuent les animaux rituellement par défaut, quelle que soit la destination de la viande, boucherie classique ou filière hallal. Et les consommateurs qui peuvent être opposés à la pratique ne sont pas prévenus. Zone grise et tabou.
Pourquoi ce tabou ? La conscience de la sensibilité des animaux progresse.
Parce que s’attaquer à l’abattage rituel, c’est ouvrir deux fronts d’un coup. C’est prendre le risque de fâcher les musulmans, et les filières économiques puissantes qui sont nées avec le marché hallal. Le simple fait de l’évoquer, c’est encourir les anathèmes de l’extrême gauche, qui criera à l’islamophobie, au racisme, air connu. C’est aussi se mettre à dos la communauté juive, qui est la plus intransigeante sur l’abattage rituel, notamment parce que l’abattage donne lieu à une redevance prélevée par le consistoire.
Réussir à fâcher à la fois les Juifs et les musulmans, sur un des seuls sujets qui les met d’accord, personne ne s’y risquera... Vous avez remarqué... J’ai commencé cette chronique en parlant de droits des animaux. Quand on aborde l’abattage rituel, ce souci s’efface totalement derrière les exigences religieuses, le manque de courage et le clientélisme électoral.