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Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.

L'histoire d’une impasse, ce matin. On parle de la route solaire de Tourouvre, dans l’Orne. Elle est en train d’être détruite.

Il faut revoir les images de Ségolène Royal, alors ministre de l’Environnement, lors de l’inauguration du premier km de route solaire de l’orne, en décembre 2016.  Elle posait tout sourire, en veste rose, sur les panneaux solaires de la route. “C’est regardé dans le monde entier, expliquait-elle, et ce n’est qu’un début, car je viens de lancer un appel à projet pour d’autres routes solaires, le photovoltaïque est compétitif”, etc etc. Elle voulait doter la France de 1 000 km de cette technologie d’ici 2020. Et elle n’avait pas lésiné sur les moyens, 5 millions d‘argent public déversés en subventions.

Huit ans après, donc, il faut tout casser.

Le sentier lumineux de Ségolène Royal s’est transformé en voie vers l’enfer, pavée comme il se doit de bonnes intentions.  Les panneaux solaires, la société Wattway, une filiale du groupe Colas, se sont révélés fragiles. Il fallait sans arrêt les changer. La route solaire s’était réduite comme peau de chagrin. Le conseil municipal de Tourouvre a finalement voté pour le démantèlement  en février dernier. La route miracle était constamment en travaux, elle pénalisait les déplacements locaux. Une tannée. Le 7 juin, il n’en restera rien.

Elle n’a jamais produit l’électricité promise.

L’installation n’a jamais permis d’alimenter plus de trois foyers en électricité. Et encore moins le réseau d’éclairage de la ville, comme il en a été question à un moment.

Echec total ?

Ca dépend de quel point de vue on se place. Selon l’entreprise qui a construit la roite, ça lui a été très utile. Elle a testé dix versions différentes de dalles photovoltaïques, 24 modes de poses expérimentés et quatre versions d’ingénierie électriques. L’entreprise dit avoir augmenté la performance des dalles de 20%. Elle fait maintenant des pistes cyclables solaires. Elle en a vendu une cinquantaine. Faut pas compter là dessus pour sauver la planète...

Pas très convaincant ?

Ça reste un gadget, un gadget qui ne produit pas grand-chose, mais qui aura coûté très cher, et pas à ses promoteurs industriels, mais à la collectivité, ce qui est un problème. Sans cela, il serait mort de sa belle mort.

Une morale ?

Il y a quelque chose du corbeau et du renard dans cette histoire. Ségolène Royale, gonflée d’orgueil après la COP21 à Paris, se rêvait en héroïne de la planète. On l’a flattée, en lui disant qu’elle pourrait revendiquer la route solaire. Tout à son ramage, elle l’a présentée comme une révolution, et non comme un prototype. Elle a ouvert grand son bec et laissé tomber un fromage à cinq millions d’euros. Tout flatteur vit aux dépends du contribuable.