Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.
Faut-il se méfier de ses amis sur les réseaux sociaux ? Oui, si vous ne les connaissez pas vraiment. Car derrière un ami Facebook peut se cacher un agent du fisc.
C’est une des surprises contenues dans la loi de Finances 2024, passée inaperçue mais pas pour les Journalistes du Particulier, qui lancent une alerte aux faux amis. La loi donne de nouveaux pouvoirs aux agents du fisc. Ils peuvent se livrer à des enquêtes sous pseudonyme sur les réseaux sociaux comme Facebook, Instagram, X (ex-Twitter) ou TikTok pour identifier les fraudeurs. Il manque simplement le dernier décret pour que cela soit effectif.
Cela veut dire que derrière une connexion, une demande amicale de quelqu’un que vous ne connaissez pas réellement pourra bientôt se cacher un contrôleur des finances publiques qui cherche des preuves de fraude.
Les agents de Bercy farfouillaient déjà dans les réseaux sociaux.
Depuis deux ans, le fisc teste un dispositif de recherche automatisée à partir des contenus librement accessibles sur les plateformes en ligne. Les réseaux traditionnels, mais aussi Leboncoin, Vinted, Airbnb, qui sont des vecteurs de travail dissimulé. Ces réseaux peuvent servir à prouver que les revenus d’une location saisonnière ne sont pas déclarés, par ex.
Là, ça va un cran plus loin.
Pour dénicher des informations utiles à leur dossier, les inspecteurs peuvent maintenant entrer dans votre sphère privée sous une identité fictive, avec votre consentement, mais pas tout à fait éclairé. En passant vos échanges amicaux à la moulinette, ils en sauront plus sur vous... Ils pourront même vous poser des questions innocentes. Ca ne vous dirait pas, un paiement en liquide pour la location ?
C’est un pousse-au-crime !
Il y a quand même des conditions pour que les agents du fisc puissent s’intéresser à votre cas. Il faudra que vous soyez déjà sorti des clous et que le fisc ait besoin d’étayer un dossier qui existe déjà. S’il a découvert que vous ne déclarez pas toutes vos revenus, par exemple, il va tenter de savoir si vous êtes ouvert à des transactions au black.
Si vous avez fait une construction sans autorisation, cette fameuse piscine dont vous inondez Instagram de photos, il va tenter de savoir depuis quand elle existe. Et si manifestement, votre train de vie ne correspond pas à votre activité, ce qui laisse soupçonner des trafics, les agents du fisc déguisés en bons potes pourront vous demander “ hey, c’est à toi cette collection de Porsche? “ Et paf. Piégé par votre égo, vous leur servirez la preuve sur un plateau. Votre pire ennemi, c’est vous.
Tout cela sera recevable ?
On n’a pas de recul, d’ailleurs, c’est un dispositif expérimental. Il reste beaucoup de questions. Comment on articule ça avec le règlement européen pour la protection des données, le RGPD. Et surtout, comment on traite le mensonge ? Les gens passent leur temps à mentir sur leur fil Instagram, FB, à se mettre en scène. La tendance est de minimiser auprès du fisc, mais d’en rajouter auprès des copains. Ce serait dommage de se faire pincer parce qu’on avait très envie de faire le malin avec la bagnole d’un copain