Le prétexte des bébés sacrifiés sur l’autel de la dépense publique

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Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.

Les départements et les communes devront participer à l'effort budgétaire à hauteur de 5 milliards d’euros. Et visiblement ça coince. Elles sont toutes en train d’expliquer que ce n’est pas possible.

Est-ce que vous avez déjà entendu parler du syndrome du Washington monument, vous savez, la montagne américaine sculptée des têtes des présidents ? On est en plein dedans. Le syndrome du Washington monument, c’est comme ça qu’on appelle aux Etats-Unis le réflexe qu’ont les élus de dire qu’ils ne peuvent pas faire d’économies parce que cela va affecter les choses auxquelles les citoyens tiennent le plus, en l'occurrence l’entretien du fameux Mont Rushmore. On ne peut pas économiser, ou le mont Rushmore va s’écrouler.

Ça se traduit comment, en France ?

Par le syndrome du berceau abandonné. Ici, si on coupe la dépense publique, ce sont les bébés qui trinquent. Ecoutons ici la maire de Nantes Johanna Rolland.

Ecoutons maintenant Jeanne Barseghian, la maire de Strasbourg.

Les crèches sont visiblement la seule chose sur laquelle les maires ont la main. Qui voudrait nuire aux pauvres petits enfants ? Il faut vraiment être sans cœur.

Ça vous énerve, cette histoire

Oui, ça m’énerve, c’est de la manipulation. C’est tenter de faire croire aux administrés qu’on sera obligé de les priver de services vitaux. Et c’est un mensonge. Les villes de et Strasbourg ont des budgets de 567 et 685 millions d’euros. On ne me fera pas croire qu’il ne leur est pas possible de le baisser de respectivement 1,5 et 1,7% comme on le leur demande. Elles distribuent respectivement 40 et 56 millions de subventions diverses et variées. Une partie va aux clubs de sports, aux écoles. Mais il y a aussi là-dedans un grand fatras clientéliste  qu’elles pourraient réduire, sans même parler de l’annuler, avant de brandir les berceaux.

Vous êtes allée fouiller dans les budgets. Les villes ne sont pas près de leurs sous.

Je suis allée fouiller dans les budgets des dernières années de Nantes et Strasbourg, c’est duplicable à toutes les métropoles de France. Une foire à l’argent public. A Nantes, on a cramé 8,5 millions d’euros dans des études pour un projet foutraque d’’arbre en acier, qui a dû être abandonné tellement ça dérapait. Le budget transfert du marché d’intérêt national a doublé, 260 millions au lieu de 130. Et que dire du demi-million claqué l’an dernier pour faire de Nantes une ville “ non sexiste”. Il faut aller voir la description du projet, on a rarement vu tel pipeau pour habiller une succession de réunions sans queue ni tête.

Et à Strasbourg ?

J’ai aimé la subvention de 2.5 millions à une association islamique turque que la justice a dû annuler en 2022, parce que c’était trop gros, l’argent dilapidé en potagers urbains inutiles à coté de la gare et je ne vous parlerai pas de la masse salariale hors de contrôle, avec la création prévue de 300 emplois sur la mandature.

Les collectivités ont bien puisé dans les poches profondes de leurs administrés pour faire plaisir à des clientèles. La fête est finie. Mais il est temps que les citoyens ne se laissent plus avoir par la fable des berceaux abandonnés.

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