Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.
C’est la panique au moment de boucler le budget 2025, et la dernière chose qu’on a envie de faire, c’est de souffler des idées de taxes au Gouvernement. Mais il y en a une qui cartonne en Allemagne, et qui dépasse les attentes pour remplir les caisses.
Je vous le fais dans la langue de Goethe : Hundesteuer. Impôt sur les chiens. Un dispositif qui existe sous des formes variées aussi en Suisse, en Autriche, au Luxembourg et aux Pays Bas. Mais en Allemagne, ça marche du feu de Dieu, l'Office fédéral de la statistique allemande a comptabilisé que les taxes sur les chiens des différents Länder ont généré 421 millions d'euros de revenus en 2023. En l'espace de dix ans, les recettes ont augmenté de plus de 40 %. Un chiffre donné non pas par 60 millions d’amis, mais par les Echos il y a quelques jours.
Pourquoi ça marche si bien ?
L’Allemagne comptait en 2020 un peu plus de 10 millions de chiens de compagnie, une population qui a doublé en 10 ans. Cela en fait le premier pays de l’Union européenne en termes de population canine. 20% des foyers paient théroriquement cette taxe.
C’est une taxe locale.
Les impôts sur les chiens sont perçus par les villes et communes, et ce sont elles qui décident comment Hasso et Toby passent à la caisse. L'animal est imposable dès l'âge de trois mois et doit être inscrit dans le registre canin de la municipalité, qui enregistre son âge, son sexe, la couleur du pelage ainsi que le numéro fiscal et l'adresse du propriétaire. Avoir un chien coûte 120 euros par an à Berlin. Deux chiens : 180 euros.
Certaines villes en ont profité pour faire de la fiscalité comportementale.
Vous savez, cette façon de pénaliser les citoyens qui font des choix nocifs ou coûteux pour la collectivité. A Nuremberg, la ville taxe lourdement les races de chiens de combat comme les rottweiler: 1.056 euros par an. Taxe qu’il est possible de diviser par cinq, si le molosse passe une épreuve de comportement.
Il y a des exceptions.
Littéralement, des niches fiscales pour les chiens guides d'aveugles, de sauvetage ou de protection bénéficient d'exemptions fiscales ainsi que les propriétaires à faibles revenus. Le fisc allemand estime qu’un quart des toutous passent au travers des mailles du filet fiscal
On pourrait faire ça en France ? Taxer les chiens ?
Il y en a 7,6 millions, ça pourrait être tentant. Mais ça ne serait pas nouveau. Une taxe sur les chiens a existé à partir de 1855, afin de lutter contre la rage. Son rendement était devenu faible, elle a disparu en 1971.Il a été question d’en réinstaurer une au début des années 2000, 75 euros pour financer le nettoyage des déjections canines. L’idée a été abandonnée, justement parce qu’on a pressenti une vague d’abandons d’animaux, un problème que l’Allemagne a résolu à sa manière, elle pénalise très fortement l’abandon des chiens, alors qu’il reste largement impuni en France.