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Faut-il réécrire les comptines pour les enfants pour qu’elles soient plus respectueuses des animaux ? L’association animaliste américaine Peta veut en finir avec des chansonnettes archaïques dans lesquelles on maltraite des petites bêtes.
Vous avez chanté une souris verte à vos enfants ? Vous les avez sans doute encouragés à la maltraitance animale ! C’est en substance le contenu de la nouvelle campagne des animalistes de Peta, qui veulent “ veganiser” les comptines. ”De la même manière que des contes de fées ont été remaniés pour remplacer les propos racistes, sexistes, nous devrions veiller à ce qu’elles soient adaptées aux enfants d’aujourd’hui et n’encouragent pas le spécisme, la cruauté envers les animaux”.
Et donc, Peta suggère de nouvelles paroles “empreintes de compassion” à plusieurs comptines.
Un petit cochon pendu au plafond, ça ne va pas du tout. Le nouveau petit cochon est sur un paillasson.
Un petit cochon sur un paillasson. gratouillez son nez y s’ra enchanté, chatouillez son dos il fera des sauts, chatouillez encore, il sautera plus fort.”
Que dire ? La version initiale de la chanson était bébête, et elle n’a jamais incité aucun gosse à pendre un cochon même un cochon d’inde au plafond du salon. Elle avait l’agréable avantage de faire une leçon de choses : non, les cochons ne pondent pas d’oeufs et ne donnent pas de lait.
La nouvelle version est moins cruelle avec les animaux, certes... Mais si on part du principe qu’il faut se méfier de la puissance d’évocation contenue dans une comptine... Qui a envie de créer pour ses enfants l’évocation d’une scène où l’on caresse des cochons pour les faire sauter plus fort? L’ambiance était marrante, elle devient glauque, façon balance ton porc.
Peta réécrit aussi la chanson “alouette, je te plumerai”.
Qui devient Alouette, je te caresserai, le bec, la tête. Et là, je dis non, Peta. Car les amis de la faune sauvage le savent. On ne touche pas les oiseaux, on ne caresse pas les petits animaux abandonnés. Inciter les enfants à le faire est une très mauvaise idée quand on dit aimer les animaux. Message raté.
Et enfin, la fameuse souris verte.
On ne la trempe pas dans l’huile pour en faire un escargot tout chaud ! On l'invite à manger des glaces à l’eau. Peta est aussi bête qu’inculte. Historiquement, cette chanson raconte non pas les misères d’une souris, mais les tortures infligées aux soldats vendéens, en uniforme vert, par les soldats républicains au XVIII e siècle. Message : On peut torturer des humains autant qu’on veut dans les chansons, les animalistes s’en foutent, tant qu’on ne touche pas à des animaux qui n’existent pas.
C’est assez hypocrite, cette lutte contre la cruauté.
Peta aurait pu s’attaquer à la chanson “ Il était un petit navire”, et à sa honteuse promotion du thon en boîte. Mais elle ne l’a pas fait, parce que ce qu’elle raconte ne pose pas de problème pour les animalistes. Il ne s'agit que d’un acte de cannibalisme sur un moussaillon qui a perdu à la courte paille. Mais aucun poisson n’est maltraité dans cette chanson, et ça, c’est vraiment l’essentiel.