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Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.

Toujours en direct du salon de l'agriculture. Aujourd’hui une histoire qui concerne notre quotidien. Celle de la culture des noisettes.

J'ai rencontré hier le vice président de Koki. C'est la principale coopérative agricole productrice de noisettes en France: elle a 40 ans, elle rassemble 350 agriculteurs, et elle produit 10 000 tonnes de noisettes par an. Mais chez Koki, on se tape la tête contre les murs. La coopérative vient d'écrire au chef de l’Etat, au Premier ministre et au ministre de l’Agriculture Marc Fesneau. Le message : la France doit arrêter de punir les productions locales et de favoriser les importations moins-disantes.

Que se passe-t-il chez Koki ?

Les déboires de Koki ont commencé en 2016, avec Ségolène Royal. Alors ministre de l’Ecologie. Elle avait décidé d’interdire en France une série de produits phytosanitaires de la catégorie des néonicotinoïdes, en devançant l’Europe. Typiquement ce qu’on appelle une surtransposition. Un des produits interdits est d’ailleurs toujours certifié par l’Union européenne jusqu’en 2033.

Pour Koki, ça a été terrible.

Oui, parce qu’au même moment des ravageurs voraces se sont abattus sur la production de noisette. Des “punaises diaboliques” venue d’Asie. Elles déferlent depuis quelques années. Les attaques causent de 30 % à 80 % de pertes sur les récoltes.”

La filière ne sait plus quoi faire.

Les moyens de lutte qui lui restent sont dérisoires. Elle est en perte de vitesse, les agriculteurs sont découragés. C’est rageant, parce que de grands clients en France comme Ferrero voudraient s’approvisionner en noisettes françaises. L’industrie a besoin de 25.000 à 30.000 tonnes de noisettes, les producteurs français ne peuvent pas en fournir un dixième.

Alors, la France importe des noisettes.

80 % de ses besoins. Des noisettes venues de Turquie ou 244 pesticides sont permis pour traiter les arbres, l’immense majorité interdits chez nous de longue date. Elles franchissent pourtant les frontières sans problème. Pire : une part des noisettes vient d’Italie, où les producteurs sont soumis aux règles européennes et peuvent sauver leurs cultures. Les cultivateurs de noisettes français sont écœurés d’être défavorisés par leur propre pays.

Il n’y a pas de solution pour eux ?

Ils aimeraient que des moyens de biocontrôle, avec des guêpes pour contrer les punaises, prouvent leur efficacité,  mais ces techniques expérimentales n'écloront pas avant dix ans. Si la France ne s’aligne pas sur les règles européennes, que restera-t-il de Koki d’ici là ? Mystère. Commentaire d’un des agriculteurs de la coopérative :  “Gabriel Attal a dit qu'à force de laver plus blanc que blanc, nous devenons transparents. C’est exactement ce qui arrive aux noisettes françaises.