Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.
Les membres d’Europe écologie les Verts ont tenu ce week-end un de leurs conseils fédéraux. Il y en a régulièrement, c’est le fonctionnement interne du parti. Mais pour Emmanuel Ducros, ce conseil fédéral des 1er et 2 avril a montré la solidité du totem antinucléaire dans le parti
La terre se réchauffe à vitesse grand V, on passe d’un événement climatique à un autre. Nous sommes un peu perdus, nous aimerions nous accrocher à choses permanentes. Il n’y en a pas beaucoup. Même le retour du printemps, on n’est plus sûrs de rien. Et puis Emmanuel Ducros a trouvé une chose qui, hélas, dure. L’antinucléarisme des Verts français, plus solide que les Pyramides d’Egypte.
Au congrès fédéral des Verts, les membres ont voté à main levée pour redire leur opposition au nucléaire. D’accord à 100%. Pas une opposition. Droits dans leur Birkenstocks. Le nucléaire, non.
Définitivement non ?
Rien dans le monde réel ne semble pouvoir atteindre le dogmatisme des instances dirigeantes d’EELV. Le changement climatique frappe, il faut réduire d’urgence les émissions de gaz à effet de serre ? EELV ne veut pas savoir. Le nucléaire est décarboné, mais c’est non. L'Allemagne s’encastre dans le mur de la réalité, avec sa sortie du nucléaire, qui se traduit par un retour au charbon et une explosion de ses émissions de CO2? EELV s’en fout. Notre pays s’interroge sur l’insécurité énergétique, on redoute la flambée des factures ? Toujours rien qui bouge chez EELV.
Les Français se disent pourtant à 75% favorables à une politique de redynamisation du nucléaire ?
EELV met ses mains sur les oreilles et dit “ j’entends pas j’entends pas”, comme un enfant de cinq ans. Les membres du conseil fédéral n’émettent aucun doute. Leurs homologues Verts finlandais, affirment que le nucléaire est durable. Eux, rien, ils sont Imperméables à ce qui se passe autour d’eux. Même à l’intérêt électoral. Parce que les militants de base, les sympathisants, eux, se posent des questions, les sondages le montrent.
Comment ça se fait ?
Il faut aller lire les statuts du parti. Noir sur blanc, il est écrit que s’engager chez EELV, c’est s’engager en faveur de la sortie du nucléaire civil. Si on est écologiste, selon eux, on d’accord avec ça, ou on va se faire cuire un œuf bio en dehors du parti. Des statuts qui, par contre, n’expliquent pas que la sortie des fossiles, du charbon, du gaz est une priorité. Le climat est moins important que le totem antinucléaire. Une impasse intellectuelle.
Et ça donne des justifications surréalistes à l’antinucléarisme.
Pour preuve cette sortie du responsable EELV dans le département du Rhône, ce week-end, à propos du nucléaire. L’antinucléarisme serait devenu un combat pour l’égalité.
“peut-être, je dis bien peut-être que ces débats et réflexion de mecs ingénieurs blancs de classes supérieure sont en décalage complet avec les priorités de 99% des Français.es qui s’en tapent complet des histoires de mix énergétique.”
On a tout dans ce tweet : la sociologie de bazar pour traiter un sujet scientifique. L’insinuation tordue que 99% des gens sont trop idiots pour réfléchir au changement climatique ; un soupçon de racisme, puisque le nucléaire, c’est un “truc de blancs” et un peu de sexisme. Les femmes, faut pas leur parler mix énergétique pendant qu’elles font des tisanes de sorcières. Un ensemble assez insultant, et qui en dit long sur les priorités écologistes. La petite cuisine essentialiste, la vieille tradition du Larzac plutôt que l’urgence climatique. Rien ne bouge, et c’est désolant.