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Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.

De l’eau, de l’eau, beaucoup d’eau dans cette chronique.

Hier, c’était la journée mondiale de lutte contre la désertification et la sécheresse, je vous en parle avec un peu de retard... Mais je le fais parce qu’une carte publiée par le BRGM a attiré mon attention.

Le BRGM, c’est le bureau de recherche géologique et minier, un établissement public spécialisé dans l’étude du sous-sol. Il a publié une impressionnante carte de France animée. On y voir la reconstitution des nappes phréatiques depuis le 1er janvier 2023.

On partait de très, très loin.

Oui ! C'est ce qu’explique le BRGM. En janvier 2023, en plein hiver, donc, environ 80% des nappes phréatiques du territoire français étaient à un niveau bas ou très bas. Séquelles de mois de sécheresse. Cette situation de basses eaux souterraines a duré presque toute l’année 2023. Elle n’a commencé à s’améliorer vraiment qu’avec l’hiver.

Et cette année ?

Rien à voir. La carte change totalement de couleur. On est désormais dans cette situation paradoxale où, au 1er juin 2024, 90% des nappes du territoire sont à un niveau compris entre modérément haut et très haut. Le printemps 2024 a été le plus humide des 15 dernières années. Entre juin 2023 et juin 2024, on est dans deux situations diamétralement opposées. D’un déficit criant à des nappes gorgées d’eau.

Qu’est-ce qu’il faut comprendre de cette carte ?

De cette carte, et de l’analyse dans le temps : Que la France, dans l’absolu, ne manque pas d’eau... Mais que la répartition de la pluviométrie devient erratique avec le changement climatique. Et cela oblige à gérer l’eau différemment, de prévoir quand elle abonde, pour éviter de manquer pendant les épisodes de sécheresse.

Ça paraît évident.

Pas pour tout le monde. C’est le moment de reparler du fameux débat sur les des réserves de substitution, ces “bassines” qui provoquent tant de remous. Personne ne dit que c’est une solution universelle, mais le niveau des nappes démontre l’absurdité de l’opposition.

Parlons de la région Poitou Charente :  faible relief, sol calcaire filtrant. Les nappes phréatiques se vident et se remplissent vite. Comme elles sont pleines depuis des mois, elles débordent. L’eau part directement à la mer. La stocker, ça ne lèse pas le milieu ; mieux ça serait utile, en été, non seulement aux agriculteurs, mais aussi à la biodiversité, au soutien des rivières. Ne pas le faire ne répond pas à une préoccupation environnementale : C’est idéologique. C’est une opposition à un modèle de production, une fantaisie de gens qui n’ont jamais manqué de nourriture. Il va falloir mettre le logiciel à jour, parce que le changement climatique nous prive de cette sécurité. Pour l’instant, comme le dit un agriculteur de Poitou Charente  : « pour l’instant, nous pleurons deux fois : à l’inondation puis à la sécheresse ».