Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.
Une tribune, parue ce week-end dans le journal Le Monde a fait réagir Emmanuelle Ducros. Elle souligne selon elle une hypocrisie. Celui de ces écologistes français qui, entre deux luttes, la lutte pour le climat et la lutte contre le nucléaire, choisissent finalement la seconde.
Emmanuelle Ducros s'est intéressée à cette tribune, parce que la tête de gondole de l’obscure association Energies renouvelables pour tous, qui la signe, c’est l’ex-ministre de l’environnement Corinne Lepage. Dès le titre, un truc ne va pas :« La défense du nucléaire comme énergie bas carbone affaiblit l’action de l’Union européenne contre le changement climatique ». Le nucléaire est factuellement une énergie qui émet une quantité infinitésimale de Co2. On ne voit pas comment son développement pourrait nuire au climat. Pour paraphraser Orwell, la tribune nous dit que la paix, c’est la guerre. Et la liberté l’esclavage.
Quelle est l’objet de cette tribune ?
Officiellement, la tribune est destinée à parler de la politique énergétique européenne. Sujet en fait totalement secondaire. Pour les auteurs, une politique énergétique, ça se résume à imposer des pourcentages d’énergies renouvelables dans le mix électrique.
La vraie cible, c’est le gouvernement français. Il veut développer le nucléaire, parce que (je cite) “selon lui, c’est la seule énergie décarbonée « pilotable », une caractéristique qu’il juge indispensable pour gérer les réseaux électriques.”
Ça mérite qu’on s’y arrête : le fait que le nucléaire soit la seule énergie décarbonée pilotable qu'on puisse actuellement développer, ce n’est pas une fable politique : c’est un fait scientifique et technique. Tordre la réalité à ce point, c’est inquiétant.
Et donc, qu’est-ce que cette tribune reproche au Gouvernement français ?
La France a l’outrecuidance de “ réclamer que l’UE assigne aux pays membres des objectifs d’énergie bas carbone, et non des objectifs d’énergies renouvelables comme elle l’a fait jusqu’à maintenant.” Je vous laisse méditer : les auteurs de la tribune avouent tranquillement que ce qui compte, pour eux, qui se revendiquent de l’écologie, ce n’est pas la baisse des émissions de carbone. C’est le pourcentage d’électricité obtenu avec des énergies renouvelables. Peu importe le résultat. Quitte à ce que, comme l’Allemagne, on complète avec du charbon.
C’est absurde.
Vous connaissez l’expression “ quand on est marteau, tout ressemble à un clou “? Les auteurs tapent, comme des sourds, sur le nucléaire. Les faits sont pourtant têtus : la vilaine France du nucléaire produit l’électricité la plus décarbonée d’Europe, la vend à ses voisins. Cela ne nuit pas au climat, mais cela nuit à la petite boutique décroissante et à ses tenanciers. Ils ont prospéré sur la peur du nucléaire pendant des décennies, ils sentent qu’ils perdent du terrain, au fur et à mesure que le climat se détraque et que l’urgence saute aux yeux de tous.
C’est un problème, notre problème à tous. Ces militants, influents font un lobbying intense à Bruxelles. Ils espèrent encore, par ce genre de tribune, inverser la vapeur. On sait maintenant qu’ils préfèrent ouvertement sacrifier le climat plutôt que de reconnaître qu’ils se sont trompés.