Nicolas Carreau vous recommande, tous les jours, un livre que vous avez lu et aimé cette année.
Nicolas Carreau, vous êtes venu avec votre "livre du jour". Ce matin, vous nous parlez d’un premier roman d’une jeune auteure américaine
Elle s’appelle Emma Cline, elle a 27 ans, son roman s’appelle The girls. Les filles, pour ceux qui ont du mal avec l’anglais. C’est le phénomène littéraire de la dernière rentrée. Il a déjà été acclamé aux Etats-Unis et va être publié dans 34 pays. Les droits ont été achetés, dit-on, 2 millions d’euros.
Pas mal pour un premier roman ! Et qui sont ces "girls", Nicolas ?
Ce sont les filles qui entouraient le tristement célèbre Charles Manson.
Mais là, c’est un roman
Oui. C’est une certaine Evie Boyd qui nous raconte son histoire. Elle se souvient de la fin des années 60 quand elle était une ado californienne comme une autre. Une jeune fille de 14 ans sans trop de problèmes sauf ceux d’une ado. Elle est un peu paumée. Ses parents viennent de divorcer et ils veulent l’envoyer bientôt en pension. Mais un jour d’été, dans un parc, elle remarque un groupe de filles. Surtout celle qui semble être la meneuse, la très charismatique Suzan. Elle est immédiatement fascinée par cette fille qui a l’air si libre, si décomplexée. En fait, elle vient tout juste de rencontrer l’une des compagnes du diable, alias Russel – c’est le nom que donne l’auteure à Charles Manson. Toutes ces filles constituent en fait son harem. Et Evie va bientôt les rejoindre. Se faire embrigadée même par les membres de cette communauté qui vivent comme des hippies, toujours pieds nus, dans un vieux ranch délabré. Elle est heureuse au début, Evie, elle a l’impression de faire partie d’un groupe soudé, d’être aimée en fait, tout simplement. Et bien entendu, elle participe au culte du Dieu vénéré, du gourou, c’est-à-dire Russel.
Russel qui incarne le criminel Charles Manson
Oui. Le terrifiant Charles Manson, toujours en prison pour avoir commandité les meurtres de plusieurs personnes à Los Angeles, dont l’actrice Sharon Tate, la femme de Roman Polanski. Ce n’est pas lui qui les a tués directement, il a envoyé ces filles ! Pourtant c’est toujours lui qui a fasciné les médias et les écrivains. Cette fois, dans ce roman, ce sont les filles qui tiennent le premier rôle et qui retiennent l’attention. On comprend les mécanismes de ce groupe étrange.
C’est un chef d’œuvre, soyons très clair. C’est prenant, captivant, étouffant, moite, dérangeant, sensuel aussi et servi par une écriture précise, sans fioritures. Vraiment, The girls ne laissera personne indifférent, c’est un livre qui bouscule.
The girls donc d’Emma Cline. Merci Nicolas.