Ils veulent sauver les fruits oubliés de Corse

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SAISON 2017 - 2018

Chaque matin, Fannie Rascle nous parle d'alimentation, de "mieux manger", de solutions concrètes pour changer ce qu'il y a dans notre assiette.

Fannie Rascle remplace Marion Sauveur du 30 avril 2018 au 4 mai 2018.

Dans notre assiette ce mardi, direction la Corse à la recherche de “fruits oubliés”.

Est-ce que vous connaissez la pomme “brutta e bona”, littéralement “moche et bonne” ? C’est une des très nombreuses d’espèces d’arbres fruitiers qui sont vraiment propres à la Corse et qui étaient sur le point de disparaître, cachés sous des ronces dans de vieux jardins ou perdus au beau milieu du maquis. Mais depuis quelques années, quelques passionnés (ils se comptent sur les doigts de la main) se mobilisent pour localiser ces arbres, les répertorier et tenter de les sauver. Et leur projet devient très concret puisqu’ils sont en train de créer un “verger conservatoire” pour les pommiers, les poiriers, les cerisiers ou encore les noisetiers.

À quoi ressemble cette arche de Noé ?

C’est un terrain de 2,5 hectares à Aghione (quasiment à mi-chemin entre Bastia et Porto-Vecchio). C’était du maquis, rien que du maquis jusqu’à présent, mais il a été défriché. Un premier engrais vert a été mélangé à la terre. Il reste à fertiliser le terrain, à mettre en place l’irrigation aussi et dès cet automne, les arbres vont pouvoir être plantés. Enfin quand on parle d’arbre, ce sont encore de tout jeunes plants greffés patiemment. 300 au total pour 150 variétés de fruits. Parce que pour chaque espèce, on va en fait en planter deux exemplaires, histoire de maximiser les chances de survie.

Que va-t-on trouver dans ce jardin d’Eden ?

Ruth Stegassy et Jean-Pierre Bolognini, qui sont deux des artisans volontaires, engagés, de ce projet, parle par exemple :
• du poirier “Ingana Ladri” (celui qui fait venir les voleurs avec ses fruits toujours verts et juteux),
• de la pomme noire “Mela Mora” (la peau est noire à l’extérieur mais à l’intérieur la chair est plutôt rosée).
• Ou encore de la cerise “préfectorale” (préfectorale parce qu’elle est belle et grosse. Bref parfaite pour la table de Monsieur le Préfet).

Et c’est passionnant de voir tout ce vocabulaire autour des fruits. Ça aussi, c’est un patrimoine à ne pas perdre. Il y a parfois plusieurs noms pour un même arbre en fonction des différentes régions de Corse. Un livre va sortir pour tous les répertorier, il sera distribué aux visiteurs du “verger conservatoire”.

Ça sera un peu comme un musée, du coup ?

Un musée oui, au sens où il est urgent de préserver ce patrimoine. Mais un musée vivant ! L’objectif, c’est bien de partager des essences indigènes, de fournir gratuitement des greffons à des associations, à des mairies, à des particuliers, des dons, des échanges parce que ces arbres-là, c’est un bien commun. Et d’ailleurs les habitants des environs l’ont bien compris : il y a déjà des demandes pour venir chercher des greffons ! Il faudra juste patienter quelques mois de plus qu’ils grandissent.