Chaque matin, Jean Zeid livre ce qu’il se fait de mieux en matière d'innovation. Ce lundi, il s'intéresse à une start-up qui a imaginé une planche de surf biosourcée, fabriquée à base d'algues vertes et de sargasses, des algues brunes.
Ce lundi matin, une planche de surf à base d’algues vertes.
Et je trouve ça très approprié d’évoquer en ce premier lundi de l’automne 2023, une innovation qui résonne comme un bord de plage d’été.
Jérémy Lucas est le fondateur de Paradoxal Surfboards, une start-up qui a imaginé une planche de surf biosourcée, fabriquée à base d'algues vertes et de sargasses, des algues brunes. Le but de ce jeune entrepreneur : faire totalement disparaître les matériaux pétrochimiques de la conception des planches et échapper au paradoxe du surfeur, un sport qui a une conscience écologique très forte de par sa proximité avec la nature, sauf qu’il pratique ce sport avec des équipements polluants.
On estime que la fabrication d'un surf émet entre 170 et 270 kg de CO2 par planche. Il y a pire dans doute : Selon la marque française Notox : les 2,4 millions de planches fabriquées chaque année dans le monde équivaudrait à 15.000 tonnes de déchets toxiques non recyclés comme la mousse polystyrène ou le polyuréthane qui sert de base à la la grande majorité des planches de surf. Sans oublier les résines et les fibres diverses issues du secteur pétrochimique.
Comment ce jeune entrepreneur compte briser ce paradoxe du surfeur ?
L’idée de Jérémy Lucas, diplômé de commerce et surfeur passionné, est née d'un double échec. D’abord celui d’un bureau d'études qui alliait dessin industriel et impression 3D, une activité trop chronophage.
Mais cette imprimante 3D utilisait du plastique végétal à base d'amidon de maïs, très gourmande en eau, et importé des Etat Unis à grands frais. Il rêve alors d'inventer un substitut.
Et la solution lui vient un jour de surf sur une plage bretonne remuante et remplie d’algues vertes où il boit la tasse. Résultat : une intoxication et deux jours alité. L’idée lui apparait, évidente : imprimer des planches de surf 100 % bretonne à partir d'algues vertes et brunes. Il dépose la marque Paradoxal Surfboards, nous sommes en 2020. Il galère à concrétiser son intuition, et en mars dernier, il relance Paradoxal Surfboards. Grâce à un réseau d’entreprises de collecte d’algues vertes réduit en poudre séchée et des fibres de carbone issues de chutes industrielles, il a sa matière première, sa recette pour concevoir une planche de surf sur une imprimante 3D.
Cette planche à toutes les spécificités d’une planche classique ?
Oui. Elle a même une structure alvéolaire inspirée d'une algue verte, la diatomée, dont la forme d’ailleurs ressemble à celle d'un surf. De plus, l'impression 3D permet de personnaliser le design de la planche, de la rendre unique. Par contre, le prix reste le point noir de l’aventure : Paradoxal Surfboards propose des planches à environ 1.000 euros, contre 300 euros pour un surf premier prix et 800 euros pour un équipement sur mesure. Jérémy Lucas a pour ambition de lancer la précommande de ses planches dès l'été 2024.